Homélies

Homélie du 3ème dimanche de Carême Année B

Dimanche dernier, il était question de la montagne où eut lieu la transfiguration de Jésus et la rencontre avec Dieu. Cet évènement suscita la joie des disciples présents et leur envie de bâtir des tentes afin de demeurer en cet endroit. Pour la suite, Il faut comprendre que Dieu n’est pas à un seul endroit sur la montagne. Sa présence nous accompagne toujours et partout, là où nous sommes dans la vie de tous les jours. Pour cela, il nous est nécessaire de redescendre sur terre pour vivre de cette présence et discerner les signes de celle-ci partout où nous nous trouvons, là où vivent nos frères et sœurs en l’humanité

Dans les lectures d’aujourd’hui, il s’agit de ce Dieu qui entretient cette alliance avec son peuple par l’entremise de sa loi. Laquelle se résume à l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Un amour qui nourrit, libère, fait grandir, porte des fruits et fait vivre. Dans notre vie, nous devons nous référer à ce Dieu d’amour et lui faire confiance, lui qui en est l’auteur et la source. Respecter sa loi, c’est non seulement respecter Dieu lui-même, mais aussi et surtout respecter le destinataire de cette loi. Et ce destinataire, c’est bien chacune et chacun d’entre nous !

Le respect, Dieu l’exige aussi vis-à-vis de sa maison. Celle-ci est le lieu de rencontre et de communion profonde avec lui, de l’union profonde avec sa loi et son peuple. Quand on connaît Dieu, on connaît aussi sa maison. Il est près de nous dans sa création, appelée par le Pape François notre ‘maison commune’, là où vivent les gens, qu’ils soient en société, en communauté, en famille et partout où il y a l’humain et où il y a de la vie. Profaner ces endroits, c’est profaner Dieu, c’est-à-dire s’approprier tout ce qui est Dieu, en faire un autre usage… Un usage qui se concrétise dans toutes sortes de commerces, loin d’une communion profonde avec Dieu et d’une vraie écoute de sa Parole.

C’est contre de telles attitudes corrompues que se justifie le sens du geste de Jésus vis-à-vis des marchands du Temple. Ceux-ci sont tombés dans le pur et simple commerce et en ont fait le seul but de leur présence dans ce Temple. Pourtant, à l’origine, ce genre de commerce était d’abord un service d’aide en vue de l’offrande à Dieu dans le Temple. Et Jésus insistera sur ce respect de Dieu à travers le respect de sa loi, comme celui de sa maison, représentée par tous les lieux de sa présence. Et un de ces lieux, en priorité, c’est la personne humaine. C’est pour cette raison que le contenu de la loi se résume à aimer Dieu et son prochain. C’est vrai, comme dit saint Paul, qu’une telle loi exige au préalable une communion avec Dieu, pour mieux connaître sa volonté et son amour. Et le Christ est là pour le rappeler. Faisons Lui confiance !

Homélie du 2ème dimanche de Carême

Toutes les histoires racontées dans la Bible ne sont pas des contes de fées rédigés pour nous endormir. Elles ne sont pas non plus un récit détaillé de faits historiques d’une époque ou d’un peuple.

Elles sont avant tout notre histoire, l’histoire de notre humanité ! En effet, nous pouvons nous retrouver en chacune d’elles. Ces récits bibliques nous décrivent comment Dieu nous parle encore aujourd’hui. Nous avons tous en nous quelque chose d’Abraham, d’Isaac, de Moïse, d’Elie, de Jésus ou encore de bien d’autres témoins bibliques.

Comme nous l’avons entendu dimanche dernier, Dieu établit une alliance avec chacun et chacune de nous, au jour le jour, mais également dans toute la durée de notre vie. Son alliance avec l’humanité est éternelle ! Il est d’une fidélité indéfectible et sa présence nous accompagne toujours, même à travers les turpitudes de nos vies, dans les moments de joie comme dans les moments de peine. Même et surtout quand nous sommes confrontés à toutes sortes d’épreuves, celles qui nous font croire qu’Il n’est pas là, celles où nous sommes éprouvés, bousculés dans ce que nous avons de plus précieux, comme la rude expérience d’Abraham.

Comment croire qu’il est toujours présent lorsqu’on assiste impuissant aux crimes perpétrés contre des innocents, des femmes, des enfants, des familles entières massacrées sur les autels du pouvoir, de l’argent, des dictatures, de la haine, du terrorisme, de la barbarie ?

Dieu est toujours là et il souffre avec nous devant toutes ces atrocités de notre monde. Malgré nos désarrois, il nous faut ajuster notre regard, extérieur comme intérieur, et apprendre à décoder les signes de sa présence, à entendre son message, ce qu’il veut nous dire dans l’immédiat ou dans la durée. Parce que son alliance se perpétue de génération en génération.

Certains chrétiens ont donné le témoignage de sa présence dans des situations aussi terribles que les camps de la mort. S’il nous arrive de douter de cette présence et de nous éloigner de Lui, alors nous avons besoin d’être éclairés dans notre foi, dans notre démarche spirituelle, pour finalement redire avec saint Paul : « Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Rom. 8, 31b

Prions dans la foi pour que rien ni personne ne puisse briser cette relation au plus intime de notre être.

Et ce temps de Carême nous donne l’occasion d’aller à la rencontre de ce Dieu qui nous attend et donne sens à notre vie. Quarante jours de réflexion en profondeur pour nous laisser transfigurer par la Parole de Dieu, pour accueillir la lumière qui éclaire nos cœurs sur ce que nous sommes réellement et ce que nous pouvons faire de notre vie : dans nos relations avec ceux qui nous entourent, ceux que nous connaissons et ceux que nous pouvons apprendre à mieux connaître. Ce temps de carême m’invite donc à mourir à moi-même, à mon amour propre, à mon égocentrisme, pour oser dresser trois tentes : une pour Dieu, une pour les autres et bien sûr une pour moi-même.

Homélie 4ème dimanche de l’Avent. Année B

À quelques heures de la fête de Noël, deux visages nous sont proposés par rapport à l’accueil de cette fête de la nativité. Il s’agit du visage du roi David et de celui de Marie.

Le roi David est une grande référence dans l’histoire sainte ; il a laissé son nom et joué un rôle de premier plan parmi les ancêtres de Jésus. Choisi au départ par Dieu et tout en étant un grand roi, David n’en fut pas moins un grand pécheur, allant jusqu’à éliminer un de ses officiers pour lui prendre sa femme, future mère d’un autre roi, Salomon. Mais malgré son péché et surtout grâce à son repentir, il a continué à bénéficier de la confiance et de la fidélité de Dieu. Comme le dit l’adage populaire, Dieu écrit droit avec des lignes courbes. Il est comme un GPS : il sait récupérer quelqu’un là où il s’est perdu pour le ramener sur le bon chemin. Il sait que chacun peut être amené à rater sa cible et ensuite être aidé à s’améliorer pour mieux viser par la suite, c’est-à-dire à se convertir et à changer de comportement.

Et pourtant, David, dans la folie de sa grandeur, pensait tout maîtriser, tout contrôler, tout ramener à lui, même s’approprier Dieu et lui bâtir une demeure digne de lui. Ce qui lui vaudra un reproche de manque d’humilité et de reconnaissance vis-à-vis de ce Dieu qui l’a choisi et établi roi ; en lui demandant d’avoir une attitude d’ouverture, d’accueil, de disponibilité et de confiance vis-à-vis de Dieu qui lui a confié cette mission. C’est comme instrument de Dieu, toujours à son écoute, qu’il était appelé à exercer sa charge auprès du son peuple.

L’attitude de David tranche précisément avec celle de Marie qui, elle, se déclare servante du Seigneur, prête à faire sa volonté, dans l’abandon total, la patience et la confiance. C’est cette humilité qui lui a valu d’être un agent efficace entre les mains de Dieu et une intermédiaire de premier plan de l’incarnation de son fils. À Marie comme à David, le Seigneur demande l’ouverture du cœur pour s’y installer et y bâtir sa demeure. C’est lui qui les choisit et qui les envoie. C’est aussi le même appel qui nous est lancé aujourd’hui, à l’approche de la fête de Noël. Un appel qui nous invite à ouvrir nos portes, celles de notre cœur, celles de nos communautés et de nos églises, pour laisser le Seigneur entrer et y établir son habitation. Et comme le roi David, prenons conscience de tout ce qui peut être de notre part orgueil, autosuffisance pour nous laisser instruire par le Seigneur. Abandonnons-nous à sa volonté et à son Esprit pour mieux vivre le mystère de Noël et la venue de notre Dieu parmi nous. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton

Homélie du 3ème dimanche de l’Avent. Année B

Au désert, comme nous l’avons lu dimanche dernier, Jean-Baptiste attire des foules. Et pourtant il n’a rien en apparence pour séduire ! Il porte une tenue débraillée et bizarre ! Il est farfelu, mais il attire du monde. Pourtant, dans son message, il accomplit pleinement la mission qui est la sienne. Quand les gens lui posent la question pour savoir qui il est, il répond simplement qu’il est la voix qui crie dans le désert. Pourquoi ? Pour préparer le chemin et accueillir le Messie qui vient. Ce Messie dont il parle est au milieu des gens, mais ceux-ci ne le reconnaissent pas. Jean-Baptiste réussit à détourner les gens de leurs préoccupations, de leurs soucis, de leurs épreuves pour les orienter vers le Messie présent au milieu d’eux. En effet, toutes ces épreuves et toutes ces préoccupations quotidiennes font que ces gens ont les oreilles bouchées, les yeux aveuglés, les cœurs endurcis. Ils ne savent pas voir et reconnaître le Messie qui est la lumière brillant au milieu d’eux. Jean-Baptiste a la mission de leur faire savoir qui doit venir après lui. Il ne profite pas de la popularité et de la notoriété qu’il a momentanément pour détourner son auditoire de cette lumière en la tournant vers lui. Il est tellement authentique, tellement vrai dans sa mission qu’il ne pense même pas à sa propre personne.

Au milieu de nos détresses, de nos recherches de sens dans nos vies, de nos multiples interrogations, découvrons cette figure de Jean-Baptiste, l’authenticité de sa mission et laissons-nous interpeller par sa parole. Que celle-ci nous habite et nous guérisse de l’intérieur, pour que nos oreilles, nos yeux et nos cœurs soient purifiés et s’ouvrent pour reconnaître le Messie toujours présent parmi nous. Il est la lumière qui brille au cœur de notre monde et en chacun de nos frères et sœurs. Puissions-nous le reconnaître comme tel, l’écouter, le servir, l’aimer, en écoutant, en servant, en aimant nos frères et sœurs.

Noël, aujourd’hui, n’est pas une fête à attendre, à préparer. Noël est dans notre vie de tous les jours ; il est toujours là à travers nos gestes, nos réalités quotidiennes d’amour, de service, de respect mutuel, de pardon, de tolérance, d’amitié, de solidarité et de fraternité. Une découverte authentique et en profondeur de Jean-Baptiste et de sa mission nous aidera, nous aussi, à devenir des Jean-Baptiste qui montrent aux autres la Lumière du Messie brillant parmi eux.

Homélie 2ème dimanche de l’Avent, année B

En ce deuxième dimanche de l’Avent, Jean-Baptiste nous invite à aller avec lui au désert pour une bonne mise à l’écart afin d’entamer une meilleure écoute, une bonne préparation et, enfin, une bonne mise en route. Nous savons tous ce que le désert représente pour chacun de nous. Il peut être un désert au sens propre du terme comme au sens figuré. Au sens propre, le désert renvoie à la sécheresse, à une terre aride, remplie de sable, sans eau bien sûr, avec à peine quelques oasis de verdure par-ci par-là. Oser affronter le désert, c’est oser mener un certain combat contre toutes ces réalités qui ressemblent à des forces contraires aux forces de la vie. Et il faut être bien préparé pour l’affronter et s’y engager. Quant au désert au sens figuré, il renvoie à toutes les épreuves de la vie qui ressemblent à des vides en nous, à des forces négatives qui nous tirent vers le bas au lieu de nous motiver et de nous tirer vers le haut.

Jean-Baptiste a une mission importante à accomplir, un message primordial à faire passer. Il ne comprend sûrement pas bien que les gens vers lesquels il est envoyé ne sont pas préparés à l’accueillir et à l’écouter. Il faut qu’ils osent évoluer, à la fois à l’extérieur et à l’intérieur, en changeant de direction et de regard et en vivant une conversion de cœur en profondeur. Le message que Jean Baptiste apporte contient une ‘Bonne Nouvelle’ : c’est un message de consolation, comme l’annonce le prophète Isaïe dans la première lecture de ce jour. Pour adhérer à cette Bonne Nouvelle, le peuple doit se dépouiller de multiples fardeaux inutiles, de peur, de culpabilité, d’asservissement des uns par les autres et vivre la joie de cette Bonne Nouvelle.

Le message d’Isaïe, l’appel à la conversion de Jean-Baptiste sont d’actualité pour nous aujourd’hui. Comme le peuple d’Israël, nous nous trouvons parfois face à des épreuves de tout genre, confrontés à des puissances contraires aux forces de vie, de joie et de paix. Il nous arrive d’être embourbés dans une ambiance défaitiste qui nous écrase, nous bouche les oreilles et nous empêche d’entendre une Bonne Nouvelle qui nous secoue et nous pousse à changer de regard, à aller de l’avant et à oser de nouveaux commencements. De nouveaux commencements, d’abord pour nous-mêmes et ensuite pour devenir des Isaïe, des Paul et des Jean-Baptiste pour nos contemporains. C’est pour nous le moment d’aller au désert avec Jean-Baptiste, de nous laisser convaincre par son appel ; afin de changer, nous aussi, de regard pour découvrir cette Bonne Nouvelle toujours là à notre portée et d’aider nos frères et sœurs à la découvrir, eux aussi, pour que la joie de cette Bonne Nouvelle de salut et d’amour soit notre cheval de bataille et une lumière pour nous d’abord, et ensuite pour notre humanité. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton

Homélie du 25ème dimanche du Temps Ordinaire Année A

« Mes pensées ne sont pas vos pensées. »

Oui, nous ne pensons pas comme Dieu ! Est-ce que dans la logique des choses de donner autant à celui qui vient d’être embauché qu’à celui qui a travaillé toute la journée ? Voilà une parabole qui ne laisse personne indifférent. Elle peut agacer des patrons qui trouvent la situation irréaliste, irriter des travailleurs qui trouveraient cela trop facile, révolter des chrétiens qui pensent que d’autres pourraient aller au ciel sans avoir fait tout ce qu’ils ont fait de bien. « Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi je suis bon » dit le Maître à celui qui lui fait des reproches.
En recherchant le véritable sens, cette belle parabole peut réjouir ceux qui verront d’abord la générosité et la bonté de Dieu.

La justice distributive voudrait que les premiers embauchés reçoivent plus que les derniers.

Or ce n’est pas le cas. Ils reçoivent le salaire convenu ; ils ne sont donc pas lésés. Mais ils récriminent et se révoltent. Leur réaction évoque ce que nous vivons quotidiennement dans les petites choses comme dans les grandes, comme humains ou comme chrétiens. Elle évoque aussi notre ignorance de Dieu ou la non-coïncidence des pensées de Dieu avec les nôtres. Nous ne pourrons qu’être blessés, humainement parlant, parce que nous ramenons tout au niveau de nos mentalités, de nos cultures et traditions, de nos ambitions.

Comme chrétiens, par exemple, nous serons tentés de faire valoir des droits sur d’autres, parce que nous pensons faire plus qu’eux. Nous regardons le sort des autres et nous devenons envieux ou prétentieux. Nous passons à côté de cette pureté de cœur, dont parle Jésus, pour voir ce que Dieu leur demande ou leur a donné, ce qui leur convient le mieux. Nous nous comparons aux autres, nous en devenons chagrins ; la vie nous devient pesante et notre vie chrétienne un lourd fardeau à traîner.

C’est la révolte du prophète Jonas devant la tendresse et la pitié du Seigneur qui l’envoya en mission à Ninive, une ville perverse et païenne. Jonas a entrepris un combat intérieur pour ajuster ses pensées à celles de Dieu et accepter la gratuité et l’universalité de l’amour, de la miséricorde et de la bonté de Dieu. Une gratuité, un amour, une miséricorde et une bonté…qui n’exclut personne. Donc, Dieu ne peut pas être emprisonné dans les limites de nos raisonnements. Nous ne devons pas non plus lui en vouloir, parce qu’il est bon. Nous sommes appelés, nous aussi, à passer par ce combat intérieur pour guérir de nos blessures intimes, qui nous empêchent de sortir de nous-mêmes, d’ajuster nos pensées à celles de Dieu et participer ainsi au festin et à la vie qu’il prépare pour tous ses enfants. Non seulement pour nous, mais pour les autres aussi. Nous ne pourrons pas être heureux en nous comparant aux autres, en regrettant d’être ceci ou cela, de ne pas être ceci ou cela. Se comparer, c’est entrer dans une spirale de rivalités, d’inquiétudes et de manque de paix intérieure. Au contraire, si on fixe son cœur sur Dieu, on verra mieux ce qu’il nous a donné ou nous comprendrons mieux que la part d’héritage qu’il nous a laissée est celle qui nous convient le mieux et nous trouverons alors la paix, parce que cela sera garanti par son amour.
Wenceslas Mungimur
Saint-Laurent/Virton

Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire. Année A

Les trois textes d’aujourd’hui nous rappellent la solidarité et la responsabilité qui existent, d’une façon ou d’une autre, dans la chaîne humaine que nous formons toutes et tous. Dans ces trois lectures, il est question de la vie en communauté. En raison de la diversité de nos vies et de nos caractères et aussi avec toutes les lois liées à la protection de la vie privée, nous devons reconnaitre que la vie en communauté ne va pas de soi. Lavie est sacrée. Chacun fait de sa vie ce qu’il veut et personne n’a le droit de s’en mêler. Cette attitude entraîne inévitablement une espèce d’indifférence, les uns vis-à-vis des autres. On laisse pourrir certaines situations aberrantes et désastreuses : des enfants maltraités, des familles qui se disloquent, des violences, des injustices criantes, des personnes âgées abandonnées, des jeunes qui sombrent dans l’alcoolisme ou la drogue…Le tout au nom de la soi-disant liberté individuelle. Mais curieusement, cette indifférence n’empêche pas de glisser de temps à autre un petit commentaire dans lequel on parle non pas à l’autre, mais de l’autre.

Or, une communauté, dans le sens d’une vie partagée ensemble, requiert une vraie communion de pensée, d’objectifs, d’amitié et d’amour. Il n’y a pas d’échange ni de partage entre des personnes qui ne se connaissent pas, étrangères les unes aux autres. L’étranger, bien sûr, au sens figuré du terme. Parce que l’on peut vivre sous un même toit, être d’une même famille, tout étant étrangers les uns des autres. Une réelle communion n’existe qu’entre amis, entre frères et soeurs. Dans l’évangile, Jésus dit: « Si tu vois que ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul ». Un frère et une sœur ne sont pas n’importe qui. ! Ce sont des personnes avec qui on a des relations privilégiées, des êtres que l’on aime, et avec qui on entretient des liens solides d’amitié, d’affection. Un frère, une sœur sont des personnes dont on ne supporte pas de les voir s’enfoncer dans le mal. Mais surtout des gens avec qui on a l’habitude de parler franchement. On sait leur parler avec tact, délicatesse, dans une écoute mutuelle fondée sur l’amour.

C’est dans ce contexte qu’intervient un avertissement fraternel. « Va le trouver seul à seul », nous dit Jésus. C’est un peu dans le sens de la dette d’amour dont nous parle Saint Paul. On ne peut pas laisser celui ou celle que l’on aime s’enfoncer dans le mal sans s’en préoccuper. Et quand nous nous sentons aimés ; nous restons ouverts et disposés à accueillir une remarque de l’autre, de façon polie et respectueuse. Dans ce cas, je ne me sens pas enfoncé, blessé ni écrasé. Je ne suis pas en face de quelqu’un qui me donne des leçons, inspiré par la jalousie ou le mépris. Je comprends vite que ce que l’autre me dit est inspiré par une profonde amitié et par le souci de me protéger, de me prévenir d’un danger, bref de me sauver.

Ces conseils de Jésus sont utiles pour nous éviter certaines petites bombes à retardement, qui finissent par éclater tôt ou tard. C’est pourquoi, comme avec Jérémie, nous sommes appelés à être des guetteurs les uns pour les autres. Le guetteur n’est pas celui qui part en guerre, mais celui qui avertit du danger menaçant, qui sonne l’alarme et réveille les assoupis. Un guetteur n’est pas un redresseur de torts, ni un espion curieux, mais il veut le bien de ses frères, en les protégeant du mal. Il n’est pas à l’affût des fautes, des erreurs, des faiblesses ou des faux pas…Il est celui qui met l’amour en priorité. Or, que signifie aimer, si ce n’est d’abord se réjouir et vouloir le bien des autres. C’est aussi le rêve et la volonté de Dieu.

Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/ Virton

Homélie du 22ème diamnche ordinaire Année A

Il est difficile de comprendre ce que dit Jésus si l’on ne tient pas compte de la cohérence et du contexte de l’Évangile. Ici, Jésus n’adresse pas les propos qu’on vient d’entendre, aux foules qu’il rejoint, mais à ceux qui ont décidé de le suivre. Ils sont « disciples » ; Jésus les instruit. Il en appelle à leur libre décision : « si quelqu’un veut être mon disciple… » Il leur apprend le sens du mot « croix ». Pour qu’ils comprennent, il leur faudra attendre un certain vendredi pour St Jean ou le dimanche suivant pour les autres…Oui ! Ils comprendront lors de sa résurrection ! Le regard du disciple Jean dans le tombeau vide a été comme un éblouissement dont il a tenu à témoigner : « Celui-là a vu et ce qu’il dit est vrai ! » Quant aux autres c’est en touchant les plaies « dans les mains et le côté » qu’ils retrouvent la joie de vivre : « ils furent remplis de joie. »

Mais avant d’en arriver là, les disciples ont dû faire un long chemin pour comprendre vraiment qui était Jésus et quelle était sa vraie mission. Pierre, par exemple, depuis qu’il avait laissé sa barque et ses filets, avait été témoin de tant de miracles accomplis par Jésus ! Il avait vu des milliers d’hommes et de femmes se rassembler autour du Maître. ..La tempête apaisée, la multiplication des pains, les guérisons multiples lui laissaient entrevoir un avenir grandiose . Pierre s’imaginait probablement que le règne de Dieu allait s’étendre et qu’il verrait le monde entier suivre Celui dont il était le disciple. Il entrevoyait un succès immense se profiler à l’horizon. Certes, cette réussite n’était pas la sienne, mais celle de Jésus, qu’il reconnaît comme le Messie, le Fils de Dieu. Toutefois, il ne se doutait pas qu’il aurait sa place dans le Royaume à venir, et une bonne place… Le Christ l’avait choisi avant les autres ; le Christ venait de le distinguer parmi tous les autres. C’est en ces jours où l’influence de Jésus va grandissante, au moment où des foules de plus en plus importantes se rassemblent autour de lui, que Jésus commence à montrer à ses disciples qu’il lui faudra aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter. Pierre était prêt à suivre un Messie dans la gloire, mais il refuse totalement que l’avenir passe par la souffrance, le rejet, l’incompréhension et la mort. Jésus a beau annoncer sa résurrection, Pierre ne l’entend même pas. Il refuse que le Maître devienne l’esclave de tous et subisse un échec total. Il ne peut pas accepter que le prestige du Christ s’écroule. Prenant Jésus à part, Pierre se mit à lui faire des reproches. Il ne comprend pas pourquoi Jésus parle de tous ces malheurs. Alors Jésus le traite comme étant un obstacle sur sa route

Pierre passe de la foi vive au refus et aux reproches lorsque le Messie devient l’homme des douleurs. Ainsi en est-il de nous. Nous sommes prêts à vivre dans une Eglise où les foules se rassemblent pour louer Dieu. Nous sommes prêts à être membres d’une Eglise qui manifeste sa grandeur.

Nous aimons bâtir des cathédrales de pierre, mais aussi des édifices spirituels somptueux ; nous aimons réunir des assemblées imposantes, appartenir à des mouvements qui ont du succès et qui attirent beaucoup de monde.

Jésus ne nous le reproche pas, il l’a fait lui-même lorsque les foules s’assemblaient autour de lui. Mais il nous dit aussi qu’il faudra, comme lui, passer par la Croix. Lorsque Jésus commence à nous montrer qu’il en va de son Eglise comme de lui-même et qu’il faudra souffrir, abandonner tout signe visible et tout prestige, qu’il faudra passer par la mort pour ressusciter, alors, comme Pierre, nous nous révoltons et nous nous butons. Nous sommes prêts à être membres d’une Eglise glorieuse, mais pas à vivre dans une Eglise pauvre, incomprise, méconnue, sans grandeur, voire méprisée. Et Jésus, se retournant, dit à chacun de nous : « Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes, tu es un obstacle sur ma route. »

Que le Christ vienne habiter nos vies, que nous soyons imprégnés de lui, de sa présence, de sa lumière, pour que nous sachions que toutes les épreuves que nous traversons, toutes les tentations qui nous assaillent, sous forme de croix, n’ont pas le dernier mot, ni la victoire. Au-delà même de toutes nos envies de grandeur ou de fastes, la vraie victoire est de son côté et elle se trouve au fond de nos cœurs lorsque nous nous approchons de lui Qu’il nous éclaire, pour que nous sachions être heureux de le suivre, quoi qu’il arrive, pour partager sa joie et sa gloire et la transmettre à nos frères et sœurs. Wenceslas Mungimur Saint Laurent-Virton.

Homélie du 21ème dimanche du Temps ordinaire. Année A.Cimetière militaire d’Houdrigny

La question est posée à tous les disciples et c’est au nom de tous que Pierre répond. Cette question que Jésus pose à ses disciples, il nous la pose aussi à chacun de nous. Que pouvons-nous lui répondre ? On peut dire que la foi de Pierre est plus solide que tout : c’est Dieu qui le tient fermement dans son Esprit et lui révèle que Jésus est le Messie. Mais Pierre demeure avec ses pensées humaines, un esprit humain et il chancelle. Il faudra qu’il découvre le vrai Dieu présent et agissant en chaque humain, présent dans chaque cœur qui est son Temple, pour que ses pensées soient ajustées à celles de Dieu et qu’elles soient des pensées justes, de respect et de paix. Des pensées qui viennent d’un cœur juste et honnête, un cœur de paix et d’amour.

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour faire mémoire, mais aussi honorer, comme chaque année, en ce mois d’août, ces soldats français qui ont versé leur sang en ce lieu, massacrés par les troupes allemandes. Ces militaires français, qui reposent ici, avaient choisi de servir et de défendre la liberté de leur patrie et celle des pays alliés et de leurs populations.

En ce lieu de mémoire et de souvenir, nous ressentons et prenons conscience de la nécessité d’une vraie paix durable. Celle-ci ne peut commencer que dans nos cœurs. C’est là que nous pouvons mesurer notre vraie responsabilité. Parce que nous savons que la guerre qui s’exprime à l’extérieur naît dans notre cœur. Les armes sont d’abord dans notre cœur lorsque la violence y naît, cette violence inhérente à tout être humain qui doit la dominer en lui. On pourrait penser que nous sommes impuissants en temps de guerre et que la seule solution consiste à utiliser la guerre, de répondre à la violence par la violence et de chercher la victoire par les armes. Pareilles pensées peuvent nous faire oublier la capacité du cœur. C’est là que tout commence. Si l’on ne s’adresse pas au cœur, on reste dans des vœux pieux, des projets qui avancent en boitant.

Que le Seigneur pacifie nos cœurs et qu’il y enlève les armes que nous y entreposons, pour que commence dans notre monde le vrai désarmement et la fin des conflits qui entraînent tant de misères et tant de victimes. Alors, quand nous prions, prions pour tout le monde, parce que nous sommes tous frères et sœurs, les vainqueurs comme les vaincus. Retenons cette question de Dieu à Caïn : “Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ?” Que le Seigneur nous vienne en aide dans notre foi afin de prier pour la paix. Qu’il nous pacifie et fasse de nous des instruments de paix et d’amour. Wenceslas MUNGIMUR Saint-Laurent/Virton

Homélie du 20ème dimanche du Temps Ordinaire Année A

Quelle mère, puisqu’il est question d’une mère dans l’évangile d’aujourd’hui, n’agirait pas de la même façon que celle dont parle l’évangile ? Quelle mère resterait insensible devant la maladie d’un enfant, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un cas grave ? Quelle mère ne déplacerait pas des montagnes pour aller vers la personne capable d’apporter la guérison ? L’évangile d’aujourd’hui nous parle de l’amour d’une mère, originaire d’une région païenne ou d’une terre étrangère, qui harcèle Jésus pour obtenir la guérison de son enfant. Une mère angoissée par l’état de sa fille et prête à attirer l’attention de Jésus par tous les moyens. Sa démarche est sincère, authentique, profonde et remplie d’une foi réelle. Elle est insistante au point d’agacer les disciples qui se retranchent derrière des réactions d’ordre conformiste. Tradition oblige !

Une attitude étonnante ! Plus étonnante encore est la réponse de Jésus à cette femme. On dirait que c’est vraiment le Jésus humain, conformiste, fidèle à ses traditions, qui réagit. Devant cette attitude, la dame ne recule en aucun cas. Et, face à cette ténacité, Jésus opère un tournant dans son comportement en réagissant comme le Fils de Dieu, touché par la force de la foi, la confiance et l’insistance de cette mère, allant jusqu’à espérer se contenter des miettes qui tomberaient sous la table. Alors Jésus acquiesce à la demande de cette mère et fait comprendre que son message ne se limite pas à un seul peuple : il s’adresse à toute personne de bonne volonté.

C’est ici que se réalise la prophétie d’Isaïe, dans la première lecture de ce jour, « Ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. » Saint Paul, s’adressant à ses concitoyens, parle de l’accueil de la Bonne Nouvelle annoncée aux nations païennes. Ses concitoyens se contentent d’une sorte de protocole des traditions ou des lois à respecter, mais refusent d’accepter la mission salvatrice de Jésus-Christ et d’accueillir en profondeur la Bonne Nouvelle qui leur est annoncée. Paul leur rappelle que non seulement ils sont dans l’illusion, mais qu’ils seront surpris et même jaloux de l’authenticité et de la foi des peuples païens.

Que c’est étonnant d’être parfois emprisonné dans des certitudes bien arrêtées ; d’avoir des convictions qui entretiennent en nous des pensées d’auto-suffisance, d’exclusion, de haine, d’injustice et de guerre. Pareilles attitudes nous empêchent d’être à l’écoute profonde de notre cœur et du Seigneur qui nous y invite, pour que nous allions vers cette ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain.

Ce souci d’ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain était le cheval de bataille de ceux qui, au prix de leur vie, ont combattu sur nos terres pour les défendre, défendre leur intégrité, défendre la vie, la dignité des femmes et des hommes qui y habitaient. C’était le souci primordial de tous ceux-là qui ont milité en faveur de la paix et de l’entente entre les peuples.

En ce jour où nous commémorons les jours sombres des atrocités de cette horrible guerre de 1914-18 et encore de celle qui a suivi en 1940-45 ; nous ressentons ce besoin de nous souvenir et aussi de prendre conscience de la nécessité d’une vraie paix durable. le Seigneur nous invite à aller plus loin, vers une vraie conversion de nos cœurs. C’est là que nous pouvons le rencontrer vraiment, en nous mettant à son école et en vivant de sa paix, de sa justice. Parce que nous savons que la guerre qui s’exprime à l’extérieur naît dans notre cœur. Les armes sont d’abord dans notre cœur lorsque la violence y naît, cette violence inhérente à tout être humain qui doit la dominer en lui. On pourrait penser que nous sommes impuissants en temps de guerre et que la seule solution consiste à utiliser la guerre, de répondre à la violence par la violence et de chercher la victoire par les armes. Pareilles pensées peuvent nous faire oublier la capacité du cœur. C’est là que tout commence. Si l’on ne s’adresse pas au cœur, on reste dans des vœux pieux, des projets qui avancent en boitant. Que le Seigneur pacifie nos cœurs et qu’il y enlève les armes que nous y entreposons, pour que commence dans notre monde le vrai désarmement et la fin des conflits qui entraînent tant de misères et tant de victimes. Alors, quand nous prions, prions pour tout le monde, parce que nous sommes tous frères et sœurs, les vainqueurs comme les vaincus. Retenons cette question de Dieu à Caïn : “Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ?” Que le Seigneur nous vienne en aide dans notre foi afin de prier pour la paix. Qu’il nous pacifie et fasse de nous des instruments de paix et d’amour. Wenceslas MUNGIMUR

Lectures du jour et du dimanche

Pour les lectures du jour et les lectures du dimanche, vous pouvez vous reporter au site suivant : www.aelf.org

 

A lire et relire

Homélie du Christ, Roi de l’univers

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons le Christ, Roi de l’univers.

Bien qu’universelle, cette royauté ne ressemble en rien aux royautés de ce monde.

Cette réalité nécessite une explication par rapport aux fausses images qui évoquent

la royauté du Christ et tout ce que l’on entend concernant le jugement dernier :

« Le jour du jugement, Saint Pierre prendra son grand livre. Chacun sera alors appelé. Jésus regardera dans le livre. Alors sa décision tombera : à droite ou à gauche, recalé ou accepté ! »

C’est une image que l’on peut avoir du jugement. Elle est représentée sur les tympans des cathédrales, les pénitenciers, dans des œuvres musicales…laissant des traces dans nos mémoires.

Une image qui induit des questions telles que : « Aurais-je assez de points pour passer ? »

Image qui peut entraîner à justifier des attitudes de pénitences extrêmes et des dévotions de tous genres pour obtenir des indulgences.

Or cette représentation du jugement ne correspond pas à l’Evangile, qui nous parle du Christ qui prend soin des hommes et des femmes qu’il connaît et qu’il aime comme ses brebis, qu’il guide avec sollicitude au-delà des ravins de la mort.

Quand Jésus entre dans Jéricho, un aveugle hurle son nom et Jésus le fait venir près de lui.

Jésus s’arrête devant le sycomore où est perché Zachée et il s’invite chez lui. Sans cesse, il reproduit l’attitude du « Bon Samaritain », qui voit en chaque être humain un Roi qu’il faut traiter et servir comme tel.

Suivre Jésus, c’est donc reproduire ce comportement.

Voir en l’autre un proche et le restaurer dans sa dignité.

On peut avoir faim et soif de beaucoup de choses… ou peut-être vivre enfermé dans bien des prisons… mais on a surtout besoin d’amour, de respect et de dignité.

Cette parabole du jugement nous rappelle surtout que la foi se traduit par des actes concrets. Elle nous dit aussi que nos actes peuvent favoriser la communion, l’entente, l’unité ou, au contraire, la discorde et l’opposition et que nous en sommes responsables. Elle nous dit encore que Dieu peut rendre nos cœurs vraiment solidaires dans la foi en ce monde. Elle nous offre l’espérance folle que Dieu peut guérir nos cœurs blessés et les renouveler dans son amour. Il a le souci de rassembler tous les peuples de la terre, comme le berger rassemble son troupeau le soir, séparant les brebis des chèvres. C’est cette image du berger qui est décrite dans la première lecture et le psaume.

Lors de l’exil du peuple hébreu à Babylone, Ezéchiel annonçait qu’un jour viendrait où le bon Berger, le véritable Berger qui guidera l’Humanité sur la bonne route. Il sera un serviteur attentif aux besoins de son troupeau, au service des brebis les plus faibles, veillant avec amour sur les autres et cherchant la brebis égarée.

Paul, lui, répond aux questions concernant les derniers jours et la résurrection des morts.

À ceux qui doutent encore, Paul est formel : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité ». La mort n’est pas niée, mais elle est transcendée par l’amour. Cet amour qui seul permet de déceler le visage du Christ parmi celui des pauvres.

Nous savons tous combien il est tentant de s’approprier le pouvoir, de flatter les puissants… Dans le Royaume des cieux, rien de tel. La manifestation du Christ dans sa gloire mettra en lumière la vérité des cœurs. Et une seule question nous sera posée : « Dans ta relation aux autres, as-tu rencontré le Christ ? » Oui, c’est sur l’AMOUR seul que nous serons jugés.

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire année A

Le patron dont il est question dans l’évangile de ce dimanche, c’est Dieu. En effet, notre Dieu est un bon éducateur et un bon démocrate, qui sait déléguer les responsabilités. Il nous donne tout : la vie, l’amour, la capacité de contribuer à la réussite de son œuvre. Il croit en nous et nous fait entièrement confiance. C’est à nous de le suivre et d’assumer notre responsabilité, à l’exemple de cette bonne épouse décrite dans le Livre des Proverbes, symbole et base de l’humanité. C’est le cas des serviteurs de l’évangile, qui ont reçu des talents et les ont fait fructifier. Une façon pour eux d’avoir pris conscience de cette responsabilité, d’être éveillés et fidèles à la tâche.

Contrairement au troisième serviteur qui se dérobe un peu devant sa responsabilité. Il reçoit moins et il perd le peu qu’il a reçu. Pourquoi échoue-t-il ? Parce qu’il a peur ! Ce qui veut dire qu’il se compare aux deux autres ; il se sent lésé et se croit inférieur à eux. Il craint aussi Dieu. Il voit en lui un être sévère, exigeant et finit par devenir craintif. Sa vie est pleurs et grincements de dents. Il a peur et n’ose prendre aucun risque, contrôle tout…En fait, il est contrôlé par son propre contrôle qui le pousse à n’entreprendre aucune démarche dangereuse.

Cet homme est malheureux, parce qu’il est emprisonné dans sa peur, dans ses craintes. C’est un mort vivant. Les talents, c’est aussi la Parole de Dieu. Elle nous est donnée pour faire de nous des vivants, pour nous aider à devenir plus humains à l’image de deux premiers serviteurs qui ont fait fructifier ce que le Maître leur a donné. Elle nous appelle à vivre dans la confiance et non dans la peur, à cesser de nous comparer à d’autres, de gémir sur notre sort, de nous apitoyer sur nous-mêmes.

Cette parabole veut provoquer en nous un sursaut de prise de conscience, qui nous pousse à assumer notre responsabilité, à nous réveiller et nous conduire vers la vie. Elle nous appelle aussi à faire fructifier les dons que le Seigneurs nous a donnés pour aller vers notre prochain. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton

Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire. Année A

Que la question du premier commandement fût posée à Jésus par les pharisiens, c’était pour lui tendre une fois de plus un piège. Mais il faut dire que cette question était en vogue à l’époque et faisait partie du débat sociétal, tellement il y avait de lois et de préceptes religieux. En ces temps-là, chez les Juifs, Il semble qu’il y avait plus de 600 préceptes à observer. Il était donc normal que les gens se questionnent sur le premier de ces préceptes. Le piège consistait à entendre quelle serait la réponse de Jésus. Lui qui n’était que fils de charpentier et qui venait d’un petit village de province, comparé à eux, docteurs de la Loi, considérés comme des élites érudites et habitant la capitale Jérusalem. Que va-t-il donc répondre ? Mettra-t-il Dieu, c’est-à-dire le culte, en premier lieu ou les actes de la vie courante, c’est-à-dire le prochain ? Alors Jésus répond en soulignant le lien étroit qui existe entre les deux commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. À son interlocuteur, qui a sûrement compris la pertinence de la réponse de Jésus et qui mentionne que « cela vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices », Jésus répond : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »

Pour Jésus, il n’est pas question de mettre en premier ni le culte ni les actes de la vie courante, car aimer Dieu sans aimer son prochain dans la vie de tous les jours, c’est hypocrite. Et prétendre aimer son prochain sans aimer Dieu, c’est impossible. On aime Dieu en aimant son prochain, comme Jésus le dit dans l’évangile de Mathieu : « Chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ! » (Mt 25, 31) Ou comme dit Jean, dans sa première épître : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Aimer Dieu, c’est entrer dans son projet, c’est réajuster ses actes à sa volonté, c’est aimer ce qu’il aime et ce qu’il veut. Bref, c’est épouser son dessein bienveillant et l’accomplir dans la vie quotidienne.

Le tout est de savoir qui est le prochain dont il est question dans la Loi. Il ne serait pas exagéré de dire que le prochain, c’est celui dont je me fais proche, qui se trouve sur mon chemin ou qui me croise sur la route de sa vie. La première lecture de ce dimanche parle de l’étranger ou de l’immigré qu’il faut accueillir ou respecter. Elle parle aussi de la veuve et de l’orphelin qu’il faut respecter et dont il faut prendre soin.

Pour nous aujourd’hui, tels que nous sommes ici réunis, qui est le prochain de l’autre ? Ce sont ces familles éprouvées par la perte d’un être cher que nous accueillons en ce dimanche. Puissions-nous vivre une communion de prière et d’écoute profonde avec elles, au moment où nous ferons mémoire, tout à l’heure, de tous leurs proches qui les ont quittés.

Homélie 27ème dimanche Temps Ordinaire. Année A

L’évangile d’aujourd’hui, comme celui de dimanche dernier et celui du prochain dimanche d’ailleurs, traite du rejet de Jésus par les autorités religieuses de son époque et des causes profondes de ce rejet.

Jésus, lui, contre-attaque et fait à plusieurs reprises le procès de tous ceux qui, en Israël, possèdent un quelconque pouvoir religieux. Il utilise des paraboles pour interpeller directement ses opposants. Il parle de la vigne qui représente le peuple d’Israël, le peuple de Dieu, dont la gestion est confiée aux responsables religieux. Comment assurent-ils leur mission ? Est-ce pour le bien du peuple ou pour leur propre gloire ? Est-ce pour le salut de ce peuple ou sa perdition ? Et Dieu, qui, soi-disant, leur confie cette mission, quelle place occupe-t-il réellement dans leur vie ? Quelle place leur accorde-t-il dans leur mission ? C’est dans ces questions que se trouve l’origine de toutes les polémiques. Pour ces autorités, Jésus n’est qu’un imposteur, un hérétique, un blasphémateur, qu’il faut éliminer. Pour eux, ce qui compte c’est la loi, en oubliant que cette loi est donnée par Dieu pour le bien de l’homme et non pour son asservissement. Aujourd’hui, il est encore question de la vigne, du peuple de Dieu. Et grâce à la petite histoire que Jésus raconte, les autorités religieuses sont de nouveau amenées à formuler elles-mêmes un jugement, disons leur propre jugement.

Ces polémiques de Jésus avec les autorités religieuses me font songer aux attaques vis-à-vis du Pape François de la part de certains dignitaires de l’Eglise, le traitant d’hérétique, trop proche des questions mondiales, parce qu’il met en avant le respect de la vie, de la dignité humaine, comme dans les évangiles, et peu importent les convictions, les origines, les situations. Ces dignitaires sont agacés parce que, pour eux, le Pape va dans tous les sens, au-delà de sa mission, de son pontificat. Il fait bon accueil à tout venant sans exception : les divorcés, les migrants, les représentants d’autres religions, etc…, pour ne citer que ceux-là ! Certains parlent même d’une catastrophe pour l’Église, alors que le peuple de Dieu voit en lui un nouveau souffle, un don de l’Esprit et une opportunité formidable pour un changement indispensable de l’institution.

Et nous aujourd’hui, en quoi cet évangile ou ces évangiles peuvent-ils nous concerner et nous interpeller ? En remontant dans notre histoire chrétienne, le petit catéchisme définissait un bon chrétien comme celui qui était baptisé, qui croyait et pratiquait la doctrine chrétienne dans la vraie Église. On était donc censé être chrétien quand on avait été baptisé, confirmé, qu’on avait fait sa communion solennelle, qu’on admettait le ‘Je crois en Dieu’, qu’on suivait les dix commandements de Dieu et ceux de l’Eglise. Et ainsi, on n’avait rien à se reprocher, lorsque que l’on appliquait toutes ces instructions !

Ce système a tenu tant que le milieu rural qui le portait a tenu, tant que les gens étaient peu avisés ou dominés par le pouvoir du clergé …Quand ce pouvoir s’est effondré, on a assisté à une chute massive de la pratique religieuse. Il a fallu s’interroger sur les causes de cet effondrement. Celles-ci nous sont décrites dans l’évangile d’aujourd’hui.

On s’est d’abord rendu compte que l’on avait trop considéré Jésus comme le vainqueur de tout mal. Cet aspect était limité au péché, à la mort et à la mort éternelle. On avait un ticket pour le ciel. On s’est ainsi rendu compte qu’on avait insisté sur les règles à observer et pas assez sur la justice, la miséricorde, la solidarité. Les femmes et les hommes d’aujourd’hui sont à la recherche de sens dans leur vie, sociale ou religieuse. En suivant la Parole du Christ, il nous est possible de comprendre que nous sommes appelés à retrouver le véritable message d’amour contenu dans l’Evangile. Aujourd’hui, il s’agit d’intérioriser la victoire du Christ sur le mal et d’en vivre pleinement pour porter des fruits de vie, de

solidarité, d’amour. Cela bousculera les habitudes, notre vision de l’église, nos pratiques, la célébration des sacrements et l’accueil que nous leur réservons.

Homélie du 26ème dimanche du Temps Ordinaire Année A

L’évangile de ce dimanche fait suite à celui des ouvriers de la onzième heure, entendu dimanche dernier, où il était question de recrutement de travailleurs dans une vigne . Dans celui d’aujourd’hui, il s’agit d’un père de famille qui demande à ses deux fils d’aller travailler dans la Vigne. Il ne leur dit pas ce qu’il faut faire concrètement, mais il les envoie travailler. Il leur fait confiance et leur laisse le choix.

Le premier a répondu par un refus, avant de se rétracter et de dire finalement oui. Tandis que le deuxième fils, lui, a accepté, mais n’y est pas allé. Donc, son oui a été suivi concrètement par un non. Que peut-on comprendre par-là ? Quel enseignement en tirer ?

Peut-être le premier fils, qui a d’abord dit non, a-t-il réfléchi par après et a-t-il mesuré l’importance de la demande du père, qui engagerait son avenir. Peut-être a-t-il compris que ce travail concernait sa survie, faisait partie de son héritage et valait la peine de l’entreprendre ?

Et l’attitude du deuxième fils, comment l’expliquer ? Pourquoi a-t-il d’abord dit oui et ne l’a pas fait ensuite ? Peut-être n’a-t-il pas, lui, pris le temps de réfléchir pour analyser l’importance de la demande de son père ? Ou était-il simplement dans une attitude systématique de soumission, où réflexion et responsabilité n’étaient pas de mise. Un comportement où il fallait simplement faire plaisir, pour se tirer d’affaire.

Ces comportements ne sont pas étrangers à nos pratiques et nos manières de vivre notre religion. Avec cette parabole, Jésus s’adresse aux juifs, surtout aux responsables religieux qui étaient loin de refléter la vérité dans leur comportement. Ils étaient sans cesse en train de faire des remarques à Jésus, d’épier son comportement, alors qu’eux-mêmes étaient remplis d’hypocrisie. Jésus dénonce leur comportement en les comparant au deuxième fils.

Cette parabole s’adresse à chacun de nous aujourd’hui. Jésus veut que soyons vrais en assumant sincèrement nos actes, aussi bien dans l’erreur que dans le vrai. Il dénonce tout comportement hypocrite, irresponsable ou soumis. « Que votre oui soit oui et votre non soit non », nous dit-il !

Aujourd’hui, comment nous comportons-nous dans nos pratiques vis-à-vis du Seigneur ? Comment répondons-nous à ses nombreux appels à le suivre ? Quelle est vraiment la qualité de nos ‘oui’ et de nos ‘non’ ? Sont-ils en accord avec notre for intérieur ? Comment adhérons-nous à notre religion ? Est-ce de manière soumise, sans avoir examiné notre position par rapport à cette adhésion auparavant ou voulons-nous emprunter un chemin authentique de rencontre personnelle avec le Seigneur et de conversion intérieure ? Sommes-nous responsables et savons-nous assumer nos ‘oui’ ou nos ‘non’, ou sommes-nous simplement héritiers d’une tradition, d’un système qui ne nous engage point et nous pousse à agir par habitude, pour faire plaisir ou encore par soumission ?

Que le Seigneur nous donne la joie de le rencontrer, qu’il nous vienne en aide et nous éclaire dans nos choix et nos pratiques et dans toute notre vie ! Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton

Homélie Pentecôte 2023

Pentecôte 2023 Les Actes des Apôtres 2, 1-11 1 Corinthiens 12,3b-7. 12-13 Évangile : Jean 20, 19-23

L’Esprit-Saint est au-dedans de moi et non au-dehors. Je l’ai reçu comme un don, en même temps que mon existence et mon baptême. Avec lui j’ai tout reçu. À moi de jouer, c’est-à-dire de réaliser ma mission sur terre.

L’Esprit me libère de toutes les peurs causant la perte de confiance en moi-même, vis-à-vis des autres dans la société et qui me renferment sur moi-même. Il est le souffle de vie qui me donne la force d’exister, le vent qui me procure le courage de me réveiller, de sortir de ma coquille et d’entreprendre des actions généreuses et nouvelles. Il me donne l’assurance d’aller vers les autres pour oser travailler avec eux à l’avènement d’un monde qui plaise à Dieu. Il est aussi le feu qui brûle en moi et qui enflamme tout mon être. Un feu d’amour s’embrasant sur les braises de mon existence et de mon engagement en faveur de la grandeur et de la beauté de la vie.

Ce feu qu’est l’Esprit ne brûle pas seulement en moi, il me bouscule et me pousse aussi vers celles et ceux qui m’entourent. Il suscite et consolide ainsi des liens sociaux, amicaux et fraternels. Si, au-dedans, il me révèle ma réalité unique, à l’extérieur, il m’ouvre à ma condition d’interdépendance avec mon prochain. Il ne m’a pas été donné pour assouvir mon égoïsme, mais il est en moi pour m’éclairer sur la communion profonde existant entre les autres et moi. Découvrir et s’ouvrir à l’action de l’Esprit-Saint, c’est percevoir une vraie liberté, celle qui me permet de m’émanciper d’un certain déterminisme, d’un possible fatalisme ou d’un conformisme latent. Une liberté qui me fait découvrir et est appelée à coexister avec d’autres libertés, dans une communion authentique et féconde. Grâce à l’Esprit-Saint, je ne crains pas de m’insérer dans les maillons de la grande chaîne de la solidarité humaine. J’accepte de vivre dans la confiance et le respect de cette unité dans la diversité qui engendre la grandeur de l’humanité.

Dispensateur des dons de la science et de la connaissance, l’Esprit-Saint me donne de m’émerveiller devant la création et sa richesse. Il me permet ainsi de remonter vers sa source principale : Dieu. Comme le dit si bien Saint Paul, sans l’aide de l’Esprit-Saint, personne n’est capable de connaître Dieu et de reconnaître en lui ‘Abba’, c’est-à-dire : Père.

C’est cet Esprit de force et de connaissance qualifié de vent violent et de force irrésistible qui a secoué les Apôtres, timides et pétrifiés, enfermés dans leur peur dans une chambre bien verrouillée. Il les a réveillés de leur sommeil de crainte et les a fait sortir de leur enfermement et de leur traumatisme Il leur a donné l’audace et la fougue d’annoncer la Bonne Nouvelle et de témoigner de leur foi au Christ ressuscité et au Dieu vivant, maître du temps et de l’histoire.

L’Esprit-Saint leur a ainsi révélé le caractère unique de chacun, mais en même temps, il leur a inspiré l’esprit d’unité et de solidarité entre eux, la volonté de parler un même langage et de proclamer un même message. Un langage et un message adressés à des auditeurs de toute origine et venant de tous les milieux, mais qu’ils peuvent entendre et comprendre chacun dans sa langue.

« Viens Esprit Saint et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière… »

3ème diamnche de Pâques . Année A

Les disciples d’Emmaüs !

Les deux disciples sont là donc en route vers leur village, découragés par un événement qui les dépasse à Jérusalem. Ils regrettent, on dirait, le temps perdu là-bas et ne souhaitent qu’une chose : retrouver leur vie d’avant, leurs vieilles habitudes…Ils sont fermés à toute ouverture, à toute remise en question de leur façon de vivre, fermés aussi à toute la nouveauté apportée par Jésus crucifié à Jérusalem. Peut-être n’ont-ils pas tort… Habités par leurs limites et leurs fragilités, ils restent cantonnés dans les périphéries de ce qu’ils peuvent comprendre et donner. Ce n’est peut-être pas la bonne volonté qui leur a manqué.

Malgré tout cela, Jésus les rejoint et leur montre qu’il n’est jamais absent, mais toujours là avec eux, quoi qu’il arrive. Il est présent pour répondre à leur inquiétude, les apaiser et les rassurer. Il leur donne le temps de s’arrêter, de s’intéresser à lui et de l’écouter quand il les instruit sur les écritures. Ils prennent le temps et lui offrent même l’hospitalité. Leur cœur est bien disposé à écouter et à accueillir la parole de leur hôte. Finalement, leurs yeux aussi s’ouvrent pour reconnaître la vraie identité de leur visiteur : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les écritures ? »

Alors, ils se voient investis d’une mission, celle de retourner sur leurs pas et de repartir jusqu’à Jérusalem, le lieu du départ de leur constat d’échec et de leur découragement. C’est là qu’ils vont retrouver leurs autres compagnons réunis, témoins, eux aussi, d’une autre expérience concernant l’apparition du Maître. Et c’est là qu’ils doivent proclamer la victoire de la résurrection. Il ne s’agit pas d’une parodie, d’un échec…, mais d’une victoire. Le Christ est réellement ressuscité, ils l’ont rencontré. Partis sur le chemin du désespoir, du découragement, ils repartent sur celui de l’espérance et de la victoire.

Cette attitude des disciples nous rejoint dans nos vies quotidiennes, de notre foi et dans nos pratiques. Nous sommes, nous aussi, habités par nos fragilités, notre bonne volonté de bien faire, bien agir, de bien prier, d’être vraiment à la suite du Christ…Seulement, il nous arrive parfois de prétendre tout maîtriser, d’être sûrs de ce que nous faisons, de nous ériger en juges, en donneurs des leçons par rapport à l’une ou l’autre réalité, l’une ou l’autre façon de faire et d’agir.

Aussi, comme les deux disciples, nous sommes aussi ébranlés dans notre comportement quand nous sommes rattrapés par nos limites, nos faiblesses et les épreuves qui peuvent se mettre au travers de notre chemin…Le risque dans tout cela, c’est de nous décourager, de nous renfermer sur nous-mêmes. Le danger, c’est aussi d’oublier de nous poser des vraies questions, d’ouvrir les yeux et les oreilles pour voir et entendre le Christ ressuscité qui est à nos côtés, qui nous invite à célébrer avec lui sa victoire qui est aussi la nôtre et qui nous dit : « Quoi qu’il arrive, rien n’est impossible à Dieu. »

Les moments d’épreuves, comme celui que nous traversons, nous invitent parfois à revisiter en profondeur l’authenticité de notre foi, de notre rencontre avec le Christ ressuscité, de nos pratiques de vie, qu’elles soient amoureuses, amicales, sociales, spirituelles…de notre communion spirituelle. Quelles leçons, par exemple, tirons-nous dans ces situations difficiles que nous traversons ? Ou quelles sont nos tristesses et quelles en sont les raisons ? Pourquoi devons-nous céder à l’ennui au découragement, au lieu de vivre en profondeur le moment présent avec Jésus toujours là près de nous. Mettons-nous en communion spirituelle avec lui, comme conjoints, comme parents, comme enfants, comme chrétiens, comme prêtres ? Demandons-lui cette grâce de le voir présent et agissant dans tous nos lieux de vie et de partage. Wenceslas Mungimur

3ème dimanche de l’Avent année A, 11 décembre 2022

Avec son message radical sur la société de son époque, surtout vis-à-vis des responsables politiques et religieux, Jean-Baptiste s’est attiré beaucoup d’ennuis et d’ennemis. Il a même osé toucher au Roi Hérode, à qui il reproche de s’être uni avec Hérodiade, la veuve de son frère. Il en paie les conséquences : il est arrêté par Hérode et emprisonné. De sa prison, il s’interroge sur celui qu’il a vu dans la foule des candidats au baptême et qu’il a reconnu et présenté aux gens comme l’Agneau de Dieu. Il en entend parler de sa prison et envoie ses disciples auprès de Jésus pour vérifier s’il est bien Celui qui doit venir ou d’un autre. Pourquoi se pose-t-il de telles questions ? Hésite-t-il, doute-t-il ? Et ses disciples, ainsi que tous ceux qui accouraient vers lui et le prenaient même pour le Messie, que pensent-ils ? Quelle considération peuvent-ils encore avoir pour Jean-Baptiste ?

On peut dire que Jean-Baptiste lui-même vit un tournant par lequel il est appelé à changer la vision de sa mission. C’est une approche distincte qui s’ouvre à lui. Une période différente de celle pendant laquelle il annonçait la venue du Messie en demandant de s’y préparer. Il est maintenant amené à le reconnaître présent parmi eux. Pourtant il devrait savoir que rien n’a changé par rapport à sa vocation, même s’il est remis en question, arrêté et emprisonné. Le Messie est bien là. Il est à l’œuvre et il s’agit bel et bien de celui dont il a annoncé la venue. Comme réponse, Jésus renvoie ses disciples lui dire ce qu’ils voient et observent : les actes et les signes prodigieux qu’il accomplit. Comme Jean-Baptiste lui-même n’a pas douté de sa mission, il est bel et bien le précurseur, un grand prophète, comme en témoigne Jésus. Toutefois il doit reconnaître et accepter sa réalité et ses fragilités humaines et s’en remettre à la divinité et à la supériorité de Celui qui vient après lui. Lui, le plus petit, qui, comme il le dit, n’est que le précurseur qui annonce la venue du Messie et n’est pas digne de dénouer ses sandales.

Jésus invite son précurseur à entrer dans cette logique, celle de Dieu, et à changer son regard sur les réalités nouvelles. Un regard intérieur, profond, pour reconnaître et contempler les merveilles de Dieu. Un autre regard qui lui permette de comprendre combien Dieu ne veut que le bonheur de l’homme et combat toutes les formes de misère. Il ne veut pas le malheur de ses enfants, représentés ici par les aveugles, les sourds, les boiteux, les lépreux, les pauvres, les morts. Dieu en prend tout particulièrement soin, parce que derrière ces fragilités se cache la mort qui combat la vie. Or le Fils est venu pour apporter et célébrer la victoire de la vie sur la mort.

À nous aussi, il est demandé, en ce temps de l’Avent, de changer notre regard en profondeur, c’est-à-dire de nous convertir pour reconnaître le Messie parmi nous, ainsi que toutes les merveilles qui témoignent de sa présence. Peu importe notre situation, nos grandeurs, nos gloires, nos faiblesses ou toutes les épreuves par lesquelles nous passons, qui nous font douter de cette présence dans notre monde, nous avons toutes et tous besoin d’un changement de regard pour nous convaincre de sa présence, de son amour et de sa force afin de garder en nous l’espérance et la foi en sa Parole.

1er dimanche de l’Avent : homélie

Le temps de l’Avent est un temps de rappel et d’appel. Tous les messages contenus dans les lectures appellent à la vigilance : se tenir prêt et rester éveillé. « Tenez-vous donc prêts, vous aussi, nous dit Jésus dans l’évangile de ce dimanche. C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Ce rappel et cet appel résonnent au cœur de notre vie, telle que nous la vivons au jour le jour.

Quand nous la regardons de près, nous constatons qu’elle ressemble à une course sans fin. Nous sommes pris dans un tourbillon d’obligations, de contraintes, de responsabilités… Nous y sommes un peu comme des robots, emprisonnés dans un système dont nous avons du mal à nous défaire. Un rythme de vie qui creuse des écarts entre les humains que nous sommes et accentue des individualismes et des isolements. Ces derniers amènent souvent des comportements contraires à des relations de qualité, d’amitié, de solidarité et de fraternité. Une étude a révélé que le nombre de suicides était plus élevé pendant des périodes comme celles des fêtes de Noël et de fin d’année

Oui, une vie comme celle-là ne peut que nous épuiser et nous étourdir jusqu’à oublier notre vocation première, celle de filles et de fils bien aimés du Seigneur. Dans la lecture de ce jour, le verbe « veiller » nous rappelle que nous ne sommes pas seuls, que nous n’avons pas seulement cette vie concrète. Nous avons une autre vie, celle que nous propose notre Sauveur venu dans notre humanité et toujours présent parmi nous. Veiller : c’est ouvrir nos yeux à la foi pour discerner les signes de cette autre vie et de cette présence du Seigneur parmi nous. Veiller : c’est toujours être prêt à lui ouvrir les portes de notre cœur dès qu’il frappe. Concrètement, veiller, c’est vivre et pratiquer au jour le jour le double commandement de l’amour, tel que Jésus le rappelle. Veiller : c’est enfin garder sans cesse en nous cette mémoire du Seigneur à travers toutes nos paroles et tous nos actes.

Ouvrons nos yeux à la foi pour voir dans chaque geste, chaque parole, chaque humain, cette présence de notre Seigneur. Voyons tous ces visages qui souffrent, qui sont désespérés ou découragés ; et prenons le temps de communier à cette présence omniprésente dans chaque humain, chaque réalité, chaque événement de notre monde. Prenons aussi conscience de cette vie qui ressemble parfois à celle de l’époque de Noé, une vie marquée, pourrait-on dire, par l’insouciance. « En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari. Jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis. » Avec notre foi et notre espérance en notre Seigneur, nous serons en mesure de surmonter ce déluge qui depuis toujours secoue notre monde, en attendant la colombe de la paix parmi les humains. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent-Virton

Homélie du 33ème dimanche du Temps ordinaire année c 13 novembre 2022

Le thème de ce dimanche parle de l’avènement du jour du Seigneur, des événements dans notre monde, de la vigilance, de l’éveil de la foi, et de la persévérance, thèmes dont Jésus entretient ses disciples. La parole de Jésus part de la vision de la beauté du Temple de Jérusalem, dont la construction a duré 46 ans. Les disciples sont en admiration devant la beauté et la splendeur de cette œuvre. On raconte, par exemple, que le mur aujourd’hui appelé ‘mur des lamentations’, a demandé près de dix mille personnes pour sa construction. Le Temple faisait la fierté de tout le peuple d’Israël.

Devant l’admiration des disciples, Jésus annonce, contre toute attente, que ce Temple aura une fin, tout comme le monde aussi est appelé à disparaitre. Tout a une fin, dit-il, et rien n’est immuable ou perpétuel sur cette terre. Donc, pour lui, inutile de s’attacher à ce qui passe et ce qui existe. Il pousse son raisonnement plus loin pour évoquer la réalité précaire et fragile des événements du monde. Le monde connaîtra, prévient-il, des situations diverses, des épisodes heureux et malheureux, des catastrophes, des troubles, des guerres, des épidémies…Mais rien de tout cela n’aura le dernier mot. Face à l’incompréhension et à l’étonnement des disciples, Jésus leur demande de veiller, de prendre garde, de regarder toutes ces situations avec discernement, c’est-à-dire avec l’intelligence de l’Esprit-Saint. Oui, l’Esprit-Saint les aidera à ne pas perdre la tête ni à paniquer, mais à rester clairvoyant au milieu des troubles, des catastrophes ou des persécutions.

La clairvoyance de l’Esprit-Saint les aidera aussi à faire attention aux faux prophètes ou aux prophètes du malheur, celles et ceux qui viendront pour les égarer, pour annoncer n’importe quoi au nom de Dieu, du Christ ou de l’Évangile.

Le deuxième conseil de Jésus consiste à demander à ses disciples de ne pas avoir peur devant tous ces évènements. Lui-même promet son aide et son assistance. Il leur donnera, dit-il, un langage et une sagesse à laquelle les adversaires ne pourront opposer ni résistance, ni contradiction. « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. », ajoute-t-il.
Le prophète Malachie, lui, l’exprime en ces termes : « Le Soleil de Justice se lèvera et apportera la guérison dans son rayonnement. »
Saint Paul, s’adressant à celles et ceux qui, parmi les Thessaloniciens, se découragent et ne veulent pas travailler pour attendre la fin, insiste : « Qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. »

Aujourd’hui encore, il y a des évènements terribles, des famines, des guerres, des persécutions, des épidémies de toutes sortes, des pandémies, comme celle du Covid, des scandales, des crises politiques, économiques, sociales, morales, relationnelles…qui semblent sonner l’annonce de la fin ou apporter de l’eau au moulin des prophètes du malheur.

Et pourtant, rien de nouveau sous le soleil, ce sont des situations, à quelques différences près, qui durent depuis toujours. Jésus lui-même ne l’a-t-il pas dit : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. » Mais, comme il l’a dit, il ne faudra ni paniquer ni désespérer, ni encore chercher des consolations auprès des faux prophètes, ni faire n’importe quoi, mais tenir bon, persévérer et garder confiance. C’est par votre espérance et votre persévérance que vous obtiendrez la vie, dit-il, en ajoutant : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » pour signifier combien Dieu est présent auprès de chaque humain.

Oui, le Seigneur est toujours bien là au cœur de nos vies. Aucune épreuve ne peut nous séparer de son amour. Quand tout va mal, il est celui qui nous donne le courage de travailler à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Il nous invite à demeurer loin des spéculations apocalyptiques, pour vivre pleinement chaque jour qui passe avec sa Parole. Jamais le Seigneur ne nous abandonne.
À l’heure de l’épreuve, il marche à nos côtés, faisons-lui confiance.