Quelle mère, puisqu’il est question d’une mère dans l’évangile d’aujourd’hui, n’agirait pas de la même façon que celle dont parle l’évangile ? Quelle mère resterait insensible devant la maladie d’un enfant, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un cas grave ? Quelle mère ne déplacerait pas des montagnes pour aller vers la personne capable d’apporter la guérison ? L’évangile d’aujourd’hui nous parle de l’amour d’une mère, originaire d’une région païenne ou d’une terre étrangère, qui harcèle Jésus pour obtenir la guérison de son enfant. Une mère angoissée par l’état de sa fille et prête à attirer l’attention de Jésus par tous les moyens. Sa démarche est sincère, authentique, profonde et remplie d’une foi réelle. Elle est insistante au point d’agacer les disciples qui se retranchent derrière des réactions d’ordre conformiste. Tradition oblige !

Une attitude étonnante ! Plus étonnante encore est la réponse de Jésus à cette femme. On dirait que c’est vraiment le Jésus humain, conformiste, fidèle à ses traditions, qui réagit. Devant cette attitude, la dame ne recule en aucun cas. Et, face à cette ténacité, Jésus opère un tournant dans son comportement en réagissant comme le Fils de Dieu, touché par la force de la foi, la confiance et l’insistance de cette mère, allant jusqu’à espérer se contenter des miettes qui tomberaient sous la table. Alors Jésus acquiesce à la demande de cette mère et fait comprendre que son message ne se limite pas à un seul peuple : il s’adresse à toute personne de bonne volonté.

C’est ici que se réalise la prophétie d’Isaïe, dans la première lecture de ce jour, « Ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. » Saint Paul, s’adressant à ses concitoyens, parle de l’accueil de la Bonne Nouvelle annoncée aux nations païennes. Ses concitoyens se contentent d’une sorte de protocole des traditions ou des lois à respecter, mais refusent d’accepter la mission salvatrice de Jésus-Christ et d’accueillir en profondeur la Bonne Nouvelle qui leur est annoncée. Paul leur rappelle que non seulement ils sont dans l’illusion, mais qu’ils seront surpris et même jaloux de l’authenticité et de la foi des peuples païens.

Que c’est étonnant d’être parfois emprisonné dans des certitudes bien arrêtées ; d’avoir des convictions qui entretiennent en nous des pensées d’auto-suffisance, d’exclusion, de haine, d’injustice et de guerre. Pareilles attitudes nous empêchent d’être à l’écoute profonde de notre cœur et du Seigneur qui nous y invite, pour que nous allions vers cette ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain.

Ce souci d’ouverture à l’universalité de l’amour et au respect de l’humain était le cheval de bataille de ceux qui, au prix de leur vie, ont combattu sur nos terres pour les défendre, défendre leur intégrité, défendre la vie, la dignité des femmes et des hommes qui y habitaient. C’était le souci primordial de tous ceux-là qui ont milité en faveur de la paix et de l’entente entre les peuples.

En ce jour où nous commémorons les jours sombres des atrocités de cette horrible guerre de 1914-18 et encore de celle qui a suivi en 1940-45 ; nous ressentons ce besoin de nous souvenir et aussi de prendre conscience de la nécessité d’une vraie paix durable. le Seigneur nous invite à aller plus loin, vers une vraie conversion de nos cœurs. C’est là que nous pouvons le rencontrer vraiment, en nous mettant à son école et en vivant de sa paix, de sa justice. Parce que nous savons que la guerre qui s’exprime à l’extérieur naît dans notre cœur. Les armes sont d’abord dans notre cœur lorsque la violence y naît, cette violence inhérente à tout être humain qui doit la dominer en lui. On pourrait penser que nous sommes impuissants en temps de guerre et que la seule solution consiste à utiliser la guerre, de répondre à la violence par la violence et de chercher la victoire par les armes. Pareilles pensées peuvent nous faire oublier la capacité du cœur. C’est là que tout commence. Si l’on ne s’adresse pas au cœur, on reste dans des vœux pieux, des projets qui avancent en boitant. Que le Seigneur pacifie nos cœurs et qu’il y enlève les armes que nous y entreposons, pour que commence dans notre monde le vrai désarmement et la fin des conflits qui entraînent tant de misères et tant de victimes. Alors, quand nous prions, prions pour tout le monde, parce que nous sommes tous frères et sœurs, les vainqueurs comme les vaincus. Retenons cette question de Dieu à Caïn : “Où est ton frère ? Qu’as-tu fait de ton frère ?” Que le Seigneur nous vienne en aide dans notre foi afin de prier pour la paix. Qu’il nous pacifie et fasse de nous des instruments de paix et d’amour. Wenceslas MUNGIMUR