En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons le Christ, Roi de l’univers.

Bien qu’universelle, cette royauté ne ressemble en rien aux royautés de ce monde.

Cette réalité nécessite une explication par rapport aux fausses images qui évoquent

la royauté du Christ et tout ce que l’on entend concernant le jugement dernier :

« Le jour du jugement, Saint Pierre prendra son grand livre. Chacun sera alors appelé. Jésus regardera dans le livre. Alors sa décision tombera : à droite ou à gauche, recalé ou accepté ! »

C’est une image que l’on peut avoir du jugement. Elle est représentée sur les tympans des cathédrales, les pénitenciers, dans des œuvres musicales…laissant des traces dans nos mémoires.

Une image qui induit des questions telles que : « Aurais-je assez de points pour passer ? »

Image qui peut entraîner à justifier des attitudes de pénitences extrêmes et des dévotions de tous genres pour obtenir des indulgences.

Or cette représentation du jugement ne correspond pas à l’Evangile, qui nous parle du Christ qui prend soin des hommes et des femmes qu’il connaît et qu’il aime comme ses brebis, qu’il guide avec sollicitude au-delà des ravins de la mort.

Quand Jésus entre dans Jéricho, un aveugle hurle son nom et Jésus le fait venir près de lui.

Jésus s’arrête devant le sycomore où est perché Zachée et il s’invite chez lui. Sans cesse, il reproduit l’attitude du « Bon Samaritain », qui voit en chaque être humain un Roi qu’il faut traiter et servir comme tel.

Suivre Jésus, c’est donc reproduire ce comportement.

Voir en l’autre un proche et le restaurer dans sa dignité.

On peut avoir faim et soif de beaucoup de choses… ou peut-être vivre enfermé dans bien des prisons… mais on a surtout besoin d’amour, de respect et de dignité.

Cette parabole du jugement nous rappelle surtout que la foi se traduit par des actes concrets. Elle nous dit aussi que nos actes peuvent favoriser la communion, l’entente, l’unité ou, au contraire, la discorde et l’opposition et que nous en sommes responsables. Elle nous dit encore que Dieu peut rendre nos cœurs vraiment solidaires dans la foi en ce monde. Elle nous offre l’espérance folle que Dieu peut guérir nos cœurs blessés et les renouveler dans son amour. Il a le souci de rassembler tous les peuples de la terre, comme le berger rassemble son troupeau le soir, séparant les brebis des chèvres. C’est cette image du berger qui est décrite dans la première lecture et le psaume.

Lors de l’exil du peuple hébreu à Babylone, Ezéchiel annonçait qu’un jour viendrait où le bon Berger, le véritable Berger qui guidera l’Humanité sur la bonne route. Il sera un serviteur attentif aux besoins de son troupeau, au service des brebis les plus faibles, veillant avec amour sur les autres et cherchant la brebis égarée.

Paul, lui, répond aux questions concernant les derniers jours et la résurrection des morts.

À ceux qui doutent encore, Paul est formel : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité ». La mort n’est pas niée, mais elle est transcendée par l’amour. Cet amour qui seul permet de déceler le visage du Christ parmi celui des pauvres.

Nous savons tous combien il est tentant de s’approprier le pouvoir, de flatter les puissants… Dans le Royaume des cieux, rien de tel. La manifestation du Christ dans sa gloire mettra en lumière la vérité des cœurs. Et une seule question nous sera posée : « Dans ta relation aux autres, as-tu rencontré le Christ ? » Oui, c’est sur l’AMOUR seul que nous serons jugés.