L’évangile d’aujourd’hui, comme celui de dimanche dernier et celui du prochain dimanche d’ailleurs, traite du rejet de Jésus par les autorités religieuses de son époque et des causes profondes de ce rejet.

Jésus, lui, contre-attaque et fait à plusieurs reprises le procès de tous ceux qui, en Israël, possèdent un quelconque pouvoir religieux. Il utilise des paraboles pour interpeller directement ses opposants. Il parle de la vigne qui représente le peuple d’Israël, le peuple de Dieu, dont la gestion est confiée aux responsables religieux. Comment assurent-ils leur mission ? Est-ce pour le bien du peuple ou pour leur propre gloire ? Est-ce pour le salut de ce peuple ou sa perdition ? Et Dieu, qui, soi-disant, leur confie cette mission, quelle place occupe-t-il réellement dans leur vie ? Quelle place leur accorde-t-il dans leur mission ? C’est dans ces questions que se trouve l’origine de toutes les polémiques. Pour ces autorités, Jésus n’est qu’un imposteur, un hérétique, un blasphémateur, qu’il faut éliminer. Pour eux, ce qui compte c’est la loi, en oubliant que cette loi est donnée par Dieu pour le bien de l’homme et non pour son asservissement. Aujourd’hui, il est encore question de la vigne, du peuple de Dieu. Et grâce à la petite histoire que Jésus raconte, les autorités religieuses sont de nouveau amenées à formuler elles-mêmes un jugement, disons leur propre jugement.

Ces polémiques de Jésus avec les autorités religieuses me font songer aux attaques vis-à-vis du Pape François de la part de certains dignitaires de l’Eglise, le traitant d’hérétique, trop proche des questions mondiales, parce qu’il met en avant le respect de la vie, de la dignité humaine, comme dans les évangiles, et peu importent les convictions, les origines, les situations. Ces dignitaires sont agacés parce que, pour eux, le Pape va dans tous les sens, au-delà de sa mission, de son pontificat. Il fait bon accueil à tout venant sans exception : les divorcés, les migrants, les représentants d’autres religions, etc…, pour ne citer que ceux-là ! Certains parlent même d’une catastrophe pour l’Église, alors que le peuple de Dieu voit en lui un nouveau souffle, un don de l’Esprit et une opportunité formidable pour un changement indispensable de l’institution.

Et nous aujourd’hui, en quoi cet évangile ou ces évangiles peuvent-ils nous concerner et nous interpeller ? En remontant dans notre histoire chrétienne, le petit catéchisme définissait un bon chrétien comme celui qui était baptisé, qui croyait et pratiquait la doctrine chrétienne dans la vraie Église. On était donc censé être chrétien quand on avait été baptisé, confirmé, qu’on avait fait sa communion solennelle, qu’on admettait le ‘Je crois en Dieu’, qu’on suivait les dix commandements de Dieu et ceux de l’Eglise. Et ainsi, on n’avait rien à se reprocher, lorsque que l’on appliquait toutes ces instructions !

Ce système a tenu tant que le milieu rural qui le portait a tenu, tant que les gens étaient peu avisés ou dominés par le pouvoir du clergé …Quand ce pouvoir s’est effondré, on a assisté à une chute massive de la pratique religieuse. Il a fallu s’interroger sur les causes de cet effondrement. Celles-ci nous sont décrites dans l’évangile d’aujourd’hui.

On s’est d’abord rendu compte que l’on avait trop considéré Jésus comme le vainqueur de tout mal. Cet aspect était limité au péché, à la mort et à la mort éternelle. On avait un ticket pour le ciel. On s’est ainsi rendu compte qu’on avait insisté sur les règles à observer et pas assez sur la justice, la miséricorde, la solidarité. Les femmes et les hommes d’aujourd’hui sont à la recherche de sens dans leur vie, sociale ou religieuse. En suivant la Parole du Christ, il nous est possible de comprendre que nous sommes appelés à retrouver le véritable message d’amour contenu dans l’Evangile. Aujourd’hui, il s’agit d’intérioriser la victoire du Christ sur le mal et d’en vivre pleinement pour porter des fruits de vie, de

solidarité, d’amour. Cela bousculera les habitudes, notre vision de l’église, nos pratiques, la célébration des sacrements et l’accueil que nous leur réservons.