Le monde est ouvert !

L’être humain ne peut se réaliser, ne peut se développer, ne peut atteindre sa plénitude que par le don désintéressé de lui-même. Nous ne communiquons avec nous-mêmes que dans la mesure où nous nous adressons aux autres. La vie subsiste là où il y a un lien, la communion et la fraternité. En revanche, il n’y a pas de vie quand on pense qu’on vit comme sur une île. L’amour crée des liens et élargit notre existence s’il nous fait sortir de nous-même pour aller vers l’autre.

Mais nous ne pouvons pas réduire notre vie à un petit groupe, même pas à notre propre famille car il est impossible de nous comprendre sans un réseau de relations plus large. Les groupes fermés ou les couples auto-référentiels qui constituent « le nous » contre tout le monde sont souvent des formes idéalisées d’égoïsme et de pure auto-préservation.

Nous pouvons développer certaines attitudes que nous présentons comme des valeurs morales : force, sobriété, assiduité et autres vertus. Mais pour bien orienter nos actes correspondant à ces vertus, nous devrions nous demander dans quelle mesure cela crée un dynamisme d’ouverture et d’union avec les autres. La teneur spirituelle d’une vie humaine est caractérisée par l’amour et, étant croyants, nous devons tous reconnaître que l’amour passe en premier. L’amour implique donc plus qu’une série d’actions bénéfiques. Nous avons à considérer l’autre comme précieux, digne, agréable et beau. Ce qui nous amènera à rechercher le meilleur pour sa vie.

Ce grand amour exige de nous une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres. L’ouverture universelle de l’amour n’est pas seulement géographique mais existentielle.

Cet amour qui s’étend au-delà des frontières ne doit pas être une raison de faire de l’universalisme autoritaire et abstrait, conçu ou planifié et présenté comme une aspiration prétendue pour homogénéiser, dominer et piller. Cette homogénéisation détruit la richesse ainsi que la particularité de l’autre. Nous n’avons pas besoin d’être tous pareils pour apprendre à vivre ensemble dans l’harmonie et la paix.

Nous remarquerons bien que la fraternité n’est pas que le résultat des conditions de respect des libertés individuelles, ni même d’une certaine équité observée. La fraternité doit être cultivée sans cesse car elle a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité. Ce n’est pas parce que certaines personnes naissent dans un lieu avec moins de ressources ou moins de développement que ces dernières vivent dans une moindre dignité. Oui, la dignité à laquelle a droit tout être humain est un droit fondamental qui ne peut être nié par aucun pays. Ce droit élémentaire mais essentiel est accepté par certaines sociétés, mais elles en déduisent que tout dépend de chacun.

Le pape nous exhorte à cultiver le désir et la recherche du bien d’autrui et de l’humanité tout entière. Il met en exergue la solidarité comme vertu morale et attitude sociale. Elle sera alors le fruit d’une conversion personnelle et exigera une responsabilité de caractère éducatif et formateur.

Le groupe de lecture de l’encyclique Fratelli tutti

Relire les textes précédents sur la lettre encyclique: 1, 2