Après avoir découvert des extraits de la dernière encyclique du pape François Fratelli tutti, quelques personnes de notre Secteur ont entrepris la lecture de ce document qui ne s’adresse pas uniquement aux catholiques mais se veut universel de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté.

C’est saint François, ce Saint de l’amour fraternel, de la simplicité et de la joie, qui avait inspiré le Pape pour l’écriture de l’encyclique Laudato si’ et qui, selon ses mots, le pousse à écrire cette nouvelle encyclique à la fraternité et à l’amitié sociale.

Une autre rencontre l’a soutenu ….je me suis senti encouragé par le Grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux ».1

Il serait vraiment dommage que les richesses de ce texte destiné à tous, restent confinées dans des cercles restreints. Aussi, au fil des semaines à venir, des extraits de ce message de fraternité ouverte seront proposés à votre attention.

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Dans le premier chapitre intitulé Les ombres d’un monde fermé, le Saint-Pèreobserve des signes de recul des formes d’intégration qui s’étaient mises en place au cours des dernières décennies, à l’instar du …rêve d’une Europe unie, capable de reconnaître ses racines communes et de se féliciter de la diversité qui l’habite.

Il met en garde contre les idéologies qui détruisent (ou dé-construisent) la conscience historique despeuples et tout ce qui est différent pour régner sans opposition.

Une autre façon de dominer…, c’est de semer le désespoir et de susciter une méfiance constante, même sous le prétexte de la défense de certaines valeurs.

La marche vers un monde uni et plus juste est difficile et lente.Il nous faut constituer un « nous » qui habite la Maison commune.

Les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger.

Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés. Les guerres, les violences, les persécutions pour des raisons raciales ou religieuses, et tant d’atteintes à la dignité humaine sont vues de différentes manières selon qu’elles conviennent ou non à certains intérêts, fondamentalement économiques.

L’affaiblissementdes sentiments d’appartenance à la même humanité conduit au cynisme du chacun pour soi et à un véritable schismeentre l’individu et la communauté humaine.

Un autre danger nous guette : l’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction réciproque. Le « sauve-qui-peut » deviendra vite « tous contre tous », et ceci sera pire qu’une pandémie.

Il comprend les migrants qui veulent échapper à la guerre, aux persécutions, aux catastrophes naturelles et sont en quête d’opportunités pour eux et leur famille. Il constate que d’autres, attirés par la culture occidentale et souvent les victimes de trafiquants sans scrupules, sont déçus à leur arrivée. Si ceux qui émigrent vivent une séparation douloureuse, les communautés locales perdent leurs éléments les plus entreprenants. C’est pourquoi, il réaffirme le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre.

Que des personnes éprouvent des doutes et de la peur face aux migrants, il considère que cela fait partie de l’instinct naturel de légitime défense mais il les invite à dépasser cette réaction. Il est inacceptable que les chrétiens partagent cette mentalité et ces attitudes, faisant parfois prévaloir certaines préférences politiques sur les convictions profondes de leur foi : la dignité inaliénable de chaque personne humaine indépendamment de son origine, de sa couleur ou de sa religion, et la loi suprême de l’amour fraternel.

L’Europe, aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants.

Alors que des attitudes de repli sur soi, d’intolérance, de violence s’observent, il constate que la communication numérique fait voler en éclat le droit à la vie privée. Pire, les espaces d’échange digital peuvent attiser les préjugés et la haine, manipuler les consciences et détruire l’image de l’autre.

La vraie sagesse suppose la conformité avec la réalité mais lorsqu’on ne communique plus qu’avec les personnes avec lesquelles on se sent en accord, on s’isole du monde dans lequel nous vivons, regrette le Pape. Aussi il nous invite à prendre le temps d’une communication humaine à l’image de saint François d’Assise qui a écouté la voix de Dieu,… la voix du pauvre,… la voix du malade,… la voix de la nature. Et il a transformé tout cela en un mode de vie. Je souhaite que la semence de saint François pousse dans beaucoup de cœurs.

Le Saint-Père termine le sombre bilan de ce premier chapitre par une note positive. La pandémie a révélé la générosité de tant de personnes, lesquelles ont ouvert des chemins d’espoir. Personne ne se sauve seul. J’invite à l’espérance qui nous parle d’une réalité qui est enracinée au plus profond de l’être humain. L’espérance est audace. Elle sait regarder au-delà du confort personnel … pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne.

Le groupe de réflexion sur l’encyclique Fratellli tutti

1 Document sur la fraternité pour la paix mondiale et la coexistence commune, document signé ensemble à Abou Dhabi (4 février 2019)