Paroisse de Rouvroy. Eglise Saint Martin
Pas moins de dix églises gaumaises sont dédiées à Saint Martin (316-397).
C’est dire la popularité de son culte dans notre région, dès l’époque de l’évangélisation. Soldat hongrois converti, il sert à Amiens quand il donne à un pauvre la moitié de son manteau militaire, scène abondamment représentée. Devenu évêque de Tours, il ne cesse de sillonner les campagnes en évangélisant, ce qui lui permet de goûter le charme de notre Gaume, en suivant la voie romaine Reims-Trèves.

L’un des plus beaux clochers baroque de Gaume : nul ne le contestera. Il fut heureusement épargné lors de la démolition, vers 1860, de l’ancienne église de Rouvroy.
Au-dessus du portail, contemporain de l’église actuelle, un Saint Martin à cheval, en pierre, daté de 1709. Dès l’entrée, deux dalles funéraires nous arrêtent. A droite, celle du curé Jean Layon, mort en 1727. Le calice et l’hostie, sculptés dans la pierre, indiquent l’état sacerdotal. Plus intéressant, peut-être, le magnifique monument, en marbre noir et blanc, dédié à Joseph Louis Mathieu de la Fontayne, comte d’ Harnoncourt, haut dignitaire de l’Empire d’Autriche, décédé à Harnoncourt, au terme d’une carrière mouvementée, en juin 1816. Parce qu’il reflète bien l’esprit des Lumières, l’épitaphe gravée dans le marbre mérite d’être lue : « Philosophe chrétien au milieu de la grandeur, libre de tout préjugé, ennemi du faste, il se borna dans sa longue carrière, à cultiver de préférence toutes les vertus sociales et chrétiennes. » Les amateurs de musique liront avec plaisir que le célèbre chef d’orchestre, Klaus Harnoncourt, est de la lignée.
Avant d’entrer dans l’église, arrêtons-nous un instant devant les antiques fonds baptismaux, en pierre bleue, du 12ème siècle.
L’intérieur de l’église nous réserve d’autres surprises, tout aussi agréables. Louis-Alphonse Lecomte a réalisé, en 1960, la polychromie du mobilier, datant du 18ème siècle. Le retable de l’autel majeur porte les statues des quatre évangélistes, l’autel de gauche, la statue de Ste Thérèse d’Avila, l’autel de droite, celle de St Nicolas de Myre. Le tout forme un ensemble de grande qualité.
Contre le mur de droite, admirons une pièce exceptionnelle, unique en Gaume : un retable avec tabernacle, entièrement peint, d’environ 1600, provenant de la chapelle seigneuriale Notre Dame de Lorette. A gauche de la porte du tabernacle, est représentée une naissance au château d’Harnoncourt, à droite, la scène légendaire de la Translation de la maison de Marie, apportée par des anges, de Nazareth à Lorette, en Italie. Posée sur le retable, la statue de Notre Dame de Lorette, assez massive, en pierre polychrome, du 17ème siècle.