Les deux fêtes, la Toussaint et la commémoration de nos défunts tiennent encore une grande place dans notre vie chrétienne. Elles nous renvoient à deux questions importantes qui nous concernent dans notre for intérieur, à savoir la mort et la vie éternelle. La tentation de notre monde d’aujourd’hui consiste souvent à ne pas être attiré par ce genre de préoccupations. Nous avons un grand désir de vivre et de profiter de la vie. Nous pensons aussi qu’il vaut mieux servir les autres, leur venir en aide, plutôt que de leur offrir une vie éternelle future. Et puis, la vision d’une vie éternelle très paisible ne réjouit pas vraiment notre besoin de bouger et d’agir.

Et pourtant la question de la vie éternelle et de la mort ne cesse pas de nous rejoindre ou de nous interpeler lors de la mort des personnes proches de nous et qui nous sont chers, ou à travers l’expérience de la maladie, du vieillissement ou encore lors de certains décès qui nous semblent injustes… Inévitablement, nous sommes acculés à nous poser des questions du genre : « Qu’est-ce que je vais devenir ? Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? » On peut répondre à ces questions de façon théorique. Certains disent qu’il n’y a rien après la mort… C’est le néant ! D’autres disent qu’il y aura une réincarnation. Comme si on pouvait indéfiniment recommencer la vie sur terre… D’autres en parlent en termes de récompenses ou de punition… D’autres encore, comme quelque chose de facile sans approfondir ce sujet !

Toutefois, en réalité peu de personnes osent affronter la vérité, à savoir que la mort est quelque chose d’horrible. Car, il faut le reconnaître, c’est horrible de mourir, de perdre la vie, de ne plus goûter la douceur de la lumière, de la nature et la chaleur de l’affection et de l’amour…et d’être réduit à rien dans une fosse… Et de constater que tout ce que l’on a essayé de réaliser est définitivement dégradé et ne signifie plus rien ! Face à cette horreur, l’homme cherche un responsable qui souvent est Dieu, s’il est croyant. Il reproche à Dieu de ne rien faire pour éviter la mort cruelle des jeunes, d’enfants, d’adultes, de tant et tant d’innocents… Alors surviennent en lui une rancœur et une colère vis-à-vis du tout-Puissant !

Or si l’homme réagit ainsi, c’est parce qu’il a en tête une certaine idée de Dieu. Il pense que Dieu est quelqu’un de dur, qui punit, qui règle ses comptes. C’est aussi parce qu’en face d’un tel Dieu imaginé par l’homme, automatiquement celui-ci se croit obligé d’être en règle, de se présenter comme quelqu’un qui est en ordre avec lui-même et avec les autres !

C’est précisément à ces aspects que s’attaque Jésus. Pour lui, Dieu est celui qui cherche à enlever à l’homme l’image fausse qu’il se fait de Dieu, afin que tout humain puisse voir en lui quelqu’un qui appelle à vivre, à construire…Et tout ce travail de renversement intérieur, de conversion vers une vision différente de la mort se fait par la foi. C’est par la foi que l’homme découvre peu à peu ce Dieu de tendresse toujours présent dans nos agonies et nos peurs les plus affolantes. Jésus ne supprime pas la mort, mais il nous délivre de la détresse face à la mort. Son cri sur la croix dit son angoisse face à la mort. Mais il clame aussi sa confiance envers celui qui est son Père et qui le ressuscitera comme il nous ressuscitera dans la paix et le bonheur éternel.

Une telle confiance s’apprend par une foi creusée dans le silence de la rencontre accueillante dans notre intimité avec le Seigneur. Elle met en nous ce désir de la marche vers la patrie du Ciel. Elle ne supprime pas la mort, elle permet de la vivre avec quelqu’un qui nous aime.

Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/ Virton