Le temps du carême correspond à la durée du jeûne de Jésus au désert. On parle aussi de la traversée du désert par le peuple d’Israël pendant quarante ans, après sa sortie d’Égypte. Pour l’église, c’est un temps de préparation à la fête de Pâques. Un temps de pause ou d’arrêt pour une meilleure préparation à la fois communautaire et individuelle, pour revisiter en profondeur sa foi et ses pratiques. Pour avancer, nous avons besoin de foi en Dieu, en sa Parole, en nous-mêmes et dans les autres.

Quand nous parlons de Dieu, nous parlons de celui dont le regard pénètre tout, scrute nos âmes et voit nos secrets. Ce que nous faisons en plein jour comme dans les ténèbres. C’est le message de l’évangile de ce soir. « Évite d’agir pour te faire remarquer, nous dit Jésus. Ton Père voit dans le secret. » Jésus sait combien nous vivons sous un double regard : celui de celles et ceux qui nous entourent et celui que nous oublions souvent, le regard de notre Dieu. Il nous voit dans le secret. Cela veut dire qu’il voit tout. Sous son regard, il est impossible de tricher. C’est en pensant à ce regard que je peux trouver la bonne attitude par rapport au regard de mes frères et sœurs.

Par ailleurs, je sais combien il est difficile d’ignorer le regard extérieur, celui des autres, qui souvent m’obsède. J’ai besoin d’être regardé avec estime.et cela est propre à tout être humain. …C’est normal. ! Mais ce besoin inné peut nous entraîner sur une pente savonneuse, très glissante. Avec cette aspiration, je risque d’être toujours en représentation, en favorisant tout à mon avantage…Même sans parfois m’en rendre compte, je passe de la petite exagération qui me met en valeur, ou du petit mensonge qui cache une imperfection, à l’hypocrisie et au mensonge plus grave. Et quand je regarde les autres, je peux me dire en moi-même : « Ils trichent ! » Comment m’imaginer que je serais le seul à tricher ? C’est difficile de se voir tel qu’on est avec ses défauts et ses qualités.

Le seul moyen de progresser vers plus de vérité, c’est le regard du Père. Quand je pense qu’il me voit exactement comme je suis, j’ai envie de me dépouiller de toute vanité, de prier, de jeûner et de faire l’aumône en présence de son regard et selon son cœur…Et tout cela sans subterfuge ni hypocrisie, tout simplement !
Les cendres que je vais me mettre sur le front ma rappellent à la fois ma décision d’entrer dans ce temps de préparation à la fête de Pâques, de faire pénitence dans le secret de mon intimité avec Dieu et de mon espérance de renaître avec le Christ ressuscité le jour de Pâques.. Renaître pour une mission revivifiée au service du Seigneur et de mes sœurs et frères.

Wenceslas Mungimur
Saint Laurent/Virton