Dans le livre d’Isaïe, le peuple revient d’une longue période d’exil. En son absence, tout a été dévasté, pillé, ruiné dans le pays. Il ne reste que des ruines et des cendres. La situation est précaire: les cultures sont dévastées, le bétail décimé et même à Jérusalem, le temple est complètement détruit. Le peuple se lamente et se culpabilise ; s’il a connu une telle détresse, se dit-il, c’est à cause de ses péchés. Les gens vont donc essayer de s’attirer les bonnes grâces de Yahvé et obtenir son pardon en effectuant toutes sortes de rites de purification, de jeûnes et autres sacrifices.

Mais ils ont beau multiplier les prières et les invocations, Dieu semble insensible et ne pas entendre leurs appels, il ne manifeste rien. C’est pourquoi le prophète les interpelle en leur disant qu’il n’y a rien d’étonnant au fait que leurs prières, leurs liturgies, tous les rites ne trouvent aucun écho auprès du Seigneur. Sans les oublier ni les négliger pour autant, le prophète veut leur dire que ce que le Seigneur attend d’eux, c’est de rester sensibles au malheureux sans abri, à celui qui est sans vêtement. Et surtout, à ne pas se dérober à son prochain dans la peine !

Le prophète sent la dérive et veut alerter le peuple. Ce n’est pas un retour strict à des pratiques religieuses externes et formalistes (reconstruction du Temple, restauration du sabbat et des fêtes, restauration des jeûnes) qui compensera l’injustice sociale en train de se recréer. Cette inégalité ne fait qu’augmenter le scandale et l’hypocrisie. Mais il s’agit d’un changement en profondeur, grâce à l’écoute et la mise en pratique de la Parole de Dieu. « Partage, dit-il, ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, ne te dérobe pas à ton semblable, alors ta lumière jaillira comme l’aurore et tes forces reviendront rapidement ».

Pour saint Paul, s’agissant de ce retour à la Parole de Dieu, au Christ, même si c’est difficile à recevoir rationnellement, il se refuse à garder ses auditeurs dans une illusion creuse. Tout en se reconnaissant faible, craintif et tremblant, il se dit poussé par sa responsabilité d’apôtre et reconnaît que ce ne sont pas ses propres moyens, mais la force de l’Esprit qui le pousse et agit en lui.

Quand on se laisse habiter et guider par l’Esprit, on trouve cette vocation première dont Jésus nous parle dans l’évangile. « Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde. » Être sel de la terre, c’est avant tout retrouver sa propre saveur qui donne goût à sa vie et à la vie des autres, en les aidant à retrouver leur propre saveur dans leur vie familiale et sociale. La saveur de la vie, c’est se savoir utile, important, précieux et découvrir que l’on compte pour les autres…C’est aussi se savoir aimé, se sentir capable de grands efforts, parce que l’on sait que les autres ont besoin de nous et comptent sur nous. Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton