Les textes de ce 5è dimanche de carême nous éclairent sur la double nature de Jésus, à la fois homme et Dieu. Par cette double nature, Jésus accomplit parfaitement la mission de médiateur entre Dieu et les hommes. Il est la référence et aussi le chemin qui permet à l’homme de lui emboîter le pas, en suivant le même chemin. Et Jésus, au moment où il sent approcher sa fin ou la fin de sa mission, ne peut qu’ouvrir les yeux à l’homme pour lui dévoiler l’essentiel de cette mission.

Dans sa double nature, le Christ est donc totalement solidaire de l’homme, dans ses faiblesses et ses fragilités et ainsi, il sait aussi s’abaisser à son niveau pour l’instruire et l’élever jusqu’à la gloire de Dieu. Tout commence par une requête introduite par quelques Grecs venus à Jérusalem pour adorer Dieu, dit-on. Ils ont entendu parler de la réputation de Jésus, tous les signes qu’il opère, tous les malades qu’il guérit… et ils souhaitent le voir. Et voilà que Jésus, quand il les rencontre, parle de l’heure de sa glorification, liée indissociablement à son arrestation, sa mort et sa résurrection. « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. »
Il s’agit de l’heure de sa mort sur la croix débouchant sur sa gloire auprès du Père. Jésus illustre cela par la parabole du grain de blé. « Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Jésus marque ainsi l’opposition entre « rester seul » et « porter du fruit ». Pour porter du fruit, le grain de blé doit nécessairement passer par la mort. C’est la loi de la vie. Ainsi en sera-t-il pour Jésus : sa mort est le passage obligé pour qu’il entre dans la gloire et la condition pour que naisse et grandisse son Église. Ainsi en sera-t-il pour ses disciples : « Celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive : et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. »

L’image est très parlante, empruntée au règne végétal : celle du grain de blé qui doit passer par l’enfouissement en terre pour porter du fruit. Jésus se l’applique à lui-même : sa mort est le passage obligé conduisant au don de la vie éternelle pour ses frères et sœurs en humanité. Il n’y a pas d’autre chemin pour le disciple que celui de Jésus…C’est de cette manière que le disciple et tout homme passeront à la vie éternelle en mettant leurs pas dans les pas de Jésus en se détachant comme lui de leur vie en ce monde, non par mépris, mais pour en faire un partage, un don d’amour avec Lui et par Lui. Cette démarche demande de la part du disciple de mourir en quelque sorte à lui-même pour se laisser habiter par Dieu en laissant Dieu inscrire sa loi dans son cœur pour qu’il soit capable de renaître.

C’est le passage obligé pour nous tous dans notre vie et un rappel salutaire en ce temps de carême, pour renaître avec Jésus à Pâques, par notre foi et confiance réconfortée en Lui.

Wenceslas Mungimur (Saint-Laurent Virton)