L’extrait du Livre de la Sagesse, comme première lecture de ce dimanche, nous parle de Dieu, de son cœur, de ses vertus. C’est par un message très significatif que l’auteur du Livre commence « Il n’y a pas d’autre dieu que toi, qui prenne soin de toute chose : tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes. ».

Comme Amour et source de tout Amour, Dieu est plein de sollicitude et de bienveillance. Rempli de patience, de tolérance et de confiance, il est attentif et veille sur toute chose et sur chacune de ses créatures. Dans l’évangile de dimanche dernier, Jésus le comparaît au semeur de la parabole, qui sème à tout vent sur toute terre, presque inconscient et irresponsable, mais pleinement disposé à faire connaitre son amour à tous les hommes.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, il peut aussi être comparé à ce maître du champ, qui a semé du bon grain et qui, par la suite, se retrouve avec de l’ivraie, c’est-à-dire de la mauvaise herbe mélangée avec la bonne semence. Sa patience, et aussi sa tolérance, fait qu’il demande à ses serviteurs désireux de vite arracher la mauvaise herbe, de la laisser pousser en même temps que la bonne herbe. Cette attitude du maître est difficilement compréhensible, humainement parlant, et selon les normes de l’agriculture.

Mais que faut-il comprendre de cette parabole ? Jésus, par cette image, nous apprend que dans toute vie, dans toute relation, il y a du bon grain, mais aussi du mauvais. Il reconnaît par-là que même dans le Royaume de Dieu, il y a ce mélange d’ivraie et de bon grain. Il sait aussi que pour les humains que nous sommes, les réactions sont multiples et vont dans tous les sens, selon les différentes situations. Elles existent dans des milliers de ‘Pourquoi’ et dans des centaines de comparaisons. « Pourquoi, pourquoi… » ! « Pourquoi m’arrive-t-il ceci ou cela ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas les autres ? « Pourquoi telle injustice, telle malhonnêteté, telle tricherie, telle corruption, tel mauvais comportement, telle paresse, tel malheur ? » Qu’avons-nous pour réagir, pour sanctionner, pour punir, pour rétablir la justice face à toutes ces questions ? La liste est loin d’être exhaustive ! Et il en va de même de toutes les solutions, de toutes les propositions, de tous les savoir-faire que nous proposons ou ruminons dans nos esprits !

Pour Jésus, Dieu nous invite à l’espérance qui nous rend lucides, en commençant par nous-mêmes. Pour lui, il faut apprendre à vivre dans le temps des humains, avant de vouloir vivre dans l’éternité. Il veut que nous ayons un peu de réalisme et d’espérance. Celui qui déclarerait que dans son propre champ, dans sa propre vie, il n’y a pas d’ivraie, ferait de Dieu un menteur. Dans le Royaume, l’Evangile le dit, pendant tout le temps de la croissance, le bon grain côtoie l’ivraie.

Il grandit dans l’espérance du Royaume, celui qui accepte ses manques, ses défaillances. Il élargit l’horizon de celui qui, reconnaissant l’ivraie dans son domaine, accepte aussi l’ivraie qu’il découvre dans le champ du voisin. De cette manière, n’oublions surtout pas que, lorsque nous découvrons l’ivraie, il y a aussi dans notre vie comme dans celle des autres, du bon grain ; et lorsque nous voyons le bon grain, n’oublions pas, non plus, l’ivraie !

« Patience, dit Dieu, l’espérance supporte tout, l’espérance obtient tout ! L’espérance viendra à bout de tout !»