La fête de l’Épiphanie nous parle des rois mages comme des étrangers venus d’ailleurs. Pourquoi des étrangers ? Pourquoi des gens venus d’ailleurs et qui sont-ils exactement ? Ces personnages, dit-on, étaient des scrutateurs du ciel et des étoiles, des astrologues à la recherche de nouvelles étoiles.

Comment devons-nous comprendre cet évènement ? Les mages symbolisent sans doute l’universalité de notre réalité humaine. Ils évoquent aussi des gens de tous les temps qui ont le courage de se mettre debout, de partir, des êtres ouverts, curieux, en recherche. À la recherche de quoi ? Peut-être veulent-ils répondre à l’appel de leur tempérament, peut-être aussi sortir de la banalité de l’existence, s’élever dans un monde de rêve. Bref, des êtres en recherche d’un sens à leur vie, d’un absolu auquel il vaut la peine de consacrer sa vie.

Nous aussi, comme les mages, nous cherchons souvent cet absolu en regardant le ciel, en essayant de nous élever, de nous évader de cette terre et de notre destinée. Les mages scrutaient le ciel et les étoiles, car ils croyaient qu’ils y trouveraient la demeure de Dieu.

Ils vont ainsi marcher longtemps, le nez en l’air, les yeux tournés vers le ciel comme s’ils n’étaient plus de ce monde. Mais arrivés au bout du voyage, l’étoile s’arrête, les obligeant à abaisser leur regard, à revenir sur terre, à regarder vers le bas où ils découvrent un nouveau-né couché sur la paille.

Cet épisode des mages nous rappelle notre histoire d’aujourd’hui, celle de toutes les religions, de toutes celles et ceux qui sont en quête de Dieu. Pour tout être humain, la tentation est grande de vouloir décoller de la terre, de s’échapper, de s’élever au-dessus de toutes les turpitudes et bassesses humaines.

Mais Dieu n’est pas là-haut au-dessus de nos réalités humaines. Si nous voulons le trouver, il nous faut regarder vers le bas, vers celui qui est sur la paille dans une mangeoire. Oui, Dieu est là ! Les mages ont cherché Dieu à Jérusalem, puis dans le temple et dans le ciel, ils ne l’ont pas trouvé. C’est grâce aux Écritures qu’ils vont poursuivre leur route vers Bethléem, petit village insignifiant de Judée.

C’est dommage qu’aujourd’hui encore, plus de 2000 ans après ces évènements, nombre de chrétiens continuent à chercher Dieu dans le ciel. Pourtant, tous les signes de Dieu nous ramènent vers la terre, nous invitent à nous agenouiller devant celui qui est sur la paille. En ce début d’année, c’est un nouveau chapitre de notre vie qui s’ouvre à nous. Comme pour les mages qui se mettent en route, nous sommes invités à découvrir et à reconnaître Dieu ici-bas, sur la paille de toutes les fragilités et pauvretés, qu’elles soient matérielles, relationnelles, culturelles ou spirituelles.

Car c’est là prioritairement que Dieu se trouve. Et cette humble démarche n’est nullement le monopole d’une seule catégorie, qu’elle soit religieuse, raciale ou sociale. Elle est ancrée en chaque être humain et dans notre monde.

Wenceslas Mungimur Saint-Laurent/Virton