Isaïe 40, 1 -5.9-11 ; Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22)

Après la fête de l’Epiphanie, nous clôturons le temps de Noël avec la célébration du baptême de Jésus. Lors de la fête de l’Epiphanie, nous disions que Dieu n’était pas à chercher dans le ciel, mais plutôt sur la terre, dans les réalités quotidiennes des humains.
Et pourtant, aujourd’hui, avec la fête du Baptême de Jésus, il est question de la voix de Dieu qui vient du ciel. « Et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Y aurait-il une contradiction entre ces deux fêtes ? Bien sûr que non !

Dans le texte de Luc, au verset 22, il est dit que cette voix venant du ciel ne se fait entendre qu’après le baptême de Jésus, au moment où celui-ci voit l’Esprit-Saint descendre sur lui sous forme d’une colombe. Comment faut-il comprendre cette manifestation d’une voix venue du ciel ? Celle-ci traduit un mouvement du ciel vers la terre, c’est-à-dire que le ciel, le Très-Haut, se fait proche de la terre, en venant établir son domicile parmi les humains. Comme il est écrit dans le livre d’Isaïe, Dieu vient consoler son peuple, lui porter secours.

Cet évènement rejoint le contenu du message de l’étoile, qui détourne le regard des mages du ciel vers la terre, là où se trouve le nouveau-né couché dans une mangeoire.
Autrefois, Dieu était considéré comme lointain et inaccessible aux humains. L’accès à Dieu était réservé aux seuls initiés. Mais avec Jésus, Dieu se révèle l’Emmanuel, ce qui signifie « Dieu parmi son peuple ». Il est le Dieu proche des réalités quotidiennes et du cœur des humains. Et Jésus est porteur de ce trésor, de ce Dieu au milieu du monde et, par cette proximité solidaire de l’humanité, il communique cette présence de Dieu à celles et ceux qui croisent son chemin.

A la limite, on pourrait même dire que Jésus n’avait pas vraiment besoin de recevoir le baptême des mains de Jean. Mais cette démarche est dans la logique de son incarnation. En épousant les conditions de vie de ses contemporains, Jésus se fait davantage proche de ceux-ci et partage avec eux la communion profonde qu’il vit avec le Père et l’Esprit-Saint. Sa présence leur permet d’entrer dans le mystère de la Trinité. Cette filiation divine n’est pas seulement révélée à lui seul, mais aussi à tous ceux et celles avec lesquels il partage la même humanité. Grâce à Jésus, les êtres humains découvrent un Dieu d’amour, Père de tous ses enfants.

« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie. » Ce sont des paroles que chaque chrétien est appelé à entendre lors de son baptême et dans son existence. Le baptême des chrétiens n’est pas un simple rite, mais une invitation au dialogue avec ce Dieu qui nous aime. Il est le passage d’une vie à une autre, à la rencontre de quelqu’un que l’on apprend à connaître et à suivre par une conversion du cœur.

Il ne s’agit pas de baptiser et ensuite faire de ces baptisés des chrétiens, mais en premier lieu d’adhérer à l’annonce de la Bonne Nouvelle, avant de recevoir le baptême. C’est pourquoi baptême et foi sont intimement liés. Tout chrétien est celui qui apprend à laisser Jésus agir en lui, pour qu’il le fasse entrer dans une vie nouvelle, par un engagement à suivre celui qui est Parole, Vérité, Chemin et Vie. Pour mieux témoigner de cet engagement, tout baptisé, imprégné de cette présence divine en lui, est appelé à être en communion profonde avec la Trinité. Il devient, grâce à cette communion, une présence communicante et aimante de l’amour de Dieu parmi ses frères et sœurs.

Puisse le Dieu-Emmanuel nous rappeler et nous assurer de sa présence permanente et salvatrice et de son amour indéfectible en ces temps de turbulences et d’incertitudes !

Wenceslas Mungimur
Saint Laurent – Virton