Chacune des lectures de ce dimanche nous décrivent les mœurs en vogue chez le peuple d’Israël à différentes périodes.
À l’époque de Moïse, le peuple souffrait et était confronté à toutes sortes de maux, d’épreuves, de souffrances, de maladies. Parmi celles-ci, il y avait la lèpre, une maladie qui non seulement mutilait celle ou celui qui en était atteint, mais était aussi très contagieuse.


Cette double atteinte mettait à la fois le malade en quarantaine, de peur qu’il ne contamine les autres, et on le considérait comme un impur, un pécheur, coupable en quelque sorte de sa maladie. Il était déformé par la maladie de sorte et il faisait peur. C’est à cause de toutes ces situations que Moïse, dit-on, avait décrété que le malade devait se mettre à l’écart des autres jusqu’à la guérison attestée par le prêtre.

Il est dit que cette façon d’écarter les lépreux s’expliquait par le fait que le malade, considéré comme impur, avait besoin de se purifier. Mais il s’agissait aussi d’une manière de mettre le malade à l’abri des regards menaçants des gens, du mépris ou même d’un lynchage par la foule. C’était pour l’époque et pour les gens une façon de trouver une solution, disons une solution d’appoint, face à une épidémie représentant un réel danger pour toute la population. Mais, ils n’ont pas tenu compte que, derrière cette décision, se profilaient des conséquences néfastes pour les malades, des mauvaises interprétations et des dérives. Le malade se sentait blessé dans sa dignité et souffrait de la solitude, de l’exclusion, de la dérision et subissait ce sentiment de culpabilité d’être un être impur et un intouchable.

Alors, on comprend pourquoi le lépreux d’aujourd’hui accourt vers le Christ pour se délivrer de sa souffrance, de son impureté et de sa honte. Il parle en termes de purification. « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Et Jésus ne peut qu’accéder à sa demande en s’approchant de lui, en le touchant et en lui adressant une parole de vie. Contre toute attente, il n’hésite pas à étendre la main et à le toucher pour mettre fin à son isolement et à son impureté. Il le rétablit dans sa dignité par une double guérison, extérieure et surtout intérieure. Jésus lui permet de retrouver sa place au sein de la communauté, quitte à passer par les instances officielles pour donner du crédit à sa guérison. Mais le lépreux a reçu un autre témoignage, une autre attestation, plus forte que celle des autorités officielles, dont le prêtre. C’est la force d’en haut, celle de Dieu, celle de sa foi, par laquelle il devient difficile de le contenir et de le faire taire.

Si hier, c’était la lèpre qui causait de telles souffrances et enlevait à la personne humaine toute sa dignité, aujourd’hui nous vivons d’autres formes de lèpres, qui non seulement nous isolent les uns les autres, mais nous plongent dans des situations sous forme de mise à l’écart des impurs, des indignes, des marginaux… Ces situations sont parfois infligées expressément ou relèvent simplement d’un souci de bien faire.


Ce souci, nous le voyons aujourd’hui avec la pandémie Covid19. Comme la lèpre, la Covid19 est une maladie très contagieuse. Pour nous protéger contre cette pandémie et l’éradiquer, nous sommes obligés de respecter les règles sanitaires et de sécurité, en s’isolant les uns des autres, coupant ainsi la plupart des liens sociaux qui nous font du bien à toutes et tous. Ce confinement provoque nos souffrances et tous les autres maux auxquels nous sommes exposés.

Comme dit Saint Paul dans la deuxième lecture, où il est question des débats et des incompréhensions au sujet de certains aliments interdits par la loi juive, il faut en toute chose respecter la liberté de chacun, tout en tenant compte d’autrui. Il faut éviter que notre comportement mette en danger la vie de l’autre ou ne mette en péril un membre faible de la communauté. En toute chose, en toute circonstance, il faut que priment l’amour et le respect de la dignité humaine. Comme nous dit Patrice Eubelen, dans son commentaire des lectures d’aujourd’hui, St Paul nous invite tous à imiter l’exemple du Christ. À faire comme lui, en osant accueillir sans condition celles et ceux qui se considèrent encore aujourd’hui comme des intouchables, des méprisés et des rejetés. « Devenons capables, dit Patrice, de franchir certaines barrières quand nous avons la conviction que l’amour véritable est à ce prix. » (Feu Nouveau 64/2, p.36)

Wenceslas Mungimur
Saint Laurent/Virton