Une première lecture ou une lecture au premier degré de la première lecture du livre de Jérémie ce dimanche pourrait paraître choquante, par le contraste qu’il y a entre ce texte et celui de l’évangile d’aujourd’hui. Et pourtant, derrière cette affirmation existe une condition. Jérémie évoque le malheur qui attend l’homme lorsqu’il met sa foi dans un humain, alors que Jésus, lui, parle du bonheur des humains. « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. » En réalité, le prophète Jérémie ne maudit pas l’humain ; il ne remet pas sa valeur en question non plus. Pourquoi tient-il un tel langage ? Pourquoi une telle affirmation ? L’humain, créé à l’image de Dieu, est-il méchant à ce point, mauvais jusqu’à devoir s’en méfier ?

Ce n’est pas ça que le prophète Jérémie veut dire. Il sait combien les humains sont parmi les plus belles créatures de Dieu. Ils regorgent de richesses de solidarité et de nombreuses qualités. Ils méritent la confiance à condition qu’ils ne se détournent pas de Dieu et de ses grâces, qu’ils accueillent en leur sein et qu’ils partagent avec celles et ceux qui croisent leur chemin. C’est pour cette raison que l’être humain vit et participe à la pérennité de la vie. Au fil des étapes et à travers un combat quotidien de son existence, il contribue à faire triompher la vie en s’appuyant sur l’amour reçu de Dieu. De cette manière, Il participe déjà à la victoire de la vie sur toutes les formes de mort, rencontrées par l’humain au long de son parcours ici-bas. Saint Jean dit dans une de ses lettres que celui qui aime est déjà passé de la mort à la vie. Peut-être faut-il comprendre cette parole comme la victoire de la vie sur la mort ?

Saint Paul, dans la deuxième lecture, parle de la résurrection de Jésus-Christ aux Corinthiens, qui s’interrogent et se posent des questions sur le mystère de la résurrection. On comprend combien il est difficile de s’imaginer cette résurrection sans l’intervention de cette grâce divine demeurant en chacun de nous. Cette part divine, c’est celle de son Esprit qui ouvre notre intelligence et notre cœur au mystère de sa vie, de son incarnation et de sa présence en nous. Elle est en nous comme cet éclairage sur la bonté et la beauté des créatures de Dieu que nous sommes. Elle est en nous pour nous rappeler que nous avons de la valeur et du prix aux yeux de Dieu et … pourquoi pas aux yeux de celles et ceux qui nous entourent ?
Si nous acceptons un tel comportement, Jésus peut nous déclarer ‘’bienheureux”. Oui, bienheureux sommes-nous, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte. En marchant dans les pas du Seigneur, nous réalisons l’essentiel de notre vie et de notre salut. Le bonheur est à portée de nos mains… Bienheureux sommes-nous, à condition que nous acceptions cette part divine en nous qui nous ouvre la voie à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain. Sinon, maudits sommes-nous lorsque nous tournons le dos au merveilleux don de la beauté de la vie et de l’amour.
Avec une telle attitude négative, nous ne sommes plus crédibles aux yeux de Dieu et aux yeux des humains. Nous ne méritons plus d’être dignes de confiance et nous marchons dans les ténèbres qui nous éloignent du bonheur véritable et de notre vie à venir.

Prions le Seigneur d’éclairer notre foi et de nous aider à vivre dans l’intimité de son Esprit d’Amour, pour qu’en ces temps difficiles nous sachions percevoir ce bonheur qui nous est destiné.

Wenceslas Mungimur, Saint-Laurent Virton