Je me souviens d’un exemple cité par l’abbé René ROUSCHOP dans son commentaire sur les textes de ce 4è dimanche ordinaire. Il parle d’une petite histoire racontée par un célèbre rabbin à propos de son petit-fils qui, rentrant à la maison, était en pleurs parce que, maugréait-il, son frère aîné ne l’avait pas cherché, alors qu’il jouait au jeu de cache-cache. Son plaisir consistait à se voir recherché ou trouvé, pendant qu’il se cachait. Mais quel ne fut pas son désespoir lorsqu’il ne reçut aucun signe dans ce sens-là de la part de son frère. Un fait banal, mais qui peut aussi nous concerner et nous interpeller !

En effet, c’est un peu comme cela dans la relation avec Dieu. Il est vrai que le bonheur de l’homme, c’est de savoir qu’il est cherché et attendu par Dieu, comme celui de Dieu est aussi de savoir qu’il est cherché par l’homme. Comme le dit la première lecture, le livre de Sophonie, Dieu se laisse toucher et s’appuie sur ceux qui le cherchent en toute justice et humilité. Ceux aussi qui, ne pouvant simplement pas s’appuyer sur des moyens humains, s’en remettent à Dieu et mettent en lui toute leur confiance. Ainsi, Dieu pourra les introduire dans son intimité, les éclairer afin qu’ils vivent dans la justice et la vérité et trouvent en Dieu repos et sécurité.

Ces personnes font partie de ceux que saint Paul qualifie de ‘petit reste’ dans la deuxième lecture d’aujourd’hui lorsqu’il parle des petites gens qui se sont laissé enthousiasmer par la Bonne Nouvelle de l’Évangile et qui ont compris que l’argent, la science et le pouvoir sont nécessaires, mais ne peuvent pas les sauver ni être l’unique source de leur bonheur. Ils mettent toute leur confiance en Dieu, sachant que c’est Lui seul qui peut les préserver et les rendre heureux. Ils n’ont pas à s’enorgueillir ni à se sentir inutiles ou impuissants : C’est en Dieu qu’ils trouvent toute leur force. Comme dit encore saint Paul, Dieu choisit ce qu’il y a de plus faible pour confondre les plus forts. Ce sont ceux qui vivent les béatitudes proclamées par Jésus dans l’évangile : les pauvres de cœur, qui ont de l’importance pour Dieu et pour leurs frères et sœurs. Ils ne sont nullement épargnés par les aléas, les épreuves de la vie, mais ils savent que cela n’est pas le mot de la fin. Ils sont aussi, jour après jour, les témoins de la victoire de l’amour fou de Dieu vis-à-vis de ceux et celles qui doutent et qui cherchent, les exclus de la vie, les marginaux, les exilés, les lépreux. Ils communiquent le bonheur qu’ils trouvent en Dieu.

En cette journée mondiale de la lèpre, il nous vient à l’esprit le beau témoignage du père Damien auprès des pauvres et des lépreux de Molokai. Ces autres aussi qui ont pour nom: Mère Teresa de Calcutta, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre, Marguerite Barankitsé du Burundi, le docteur Dénis Mukwege. Ou encore des parents, des catéchistes qui éveillent les jeunes à la foi, bref tous ceux et celles qui se dévouent au service de leurs frères et sœurs.

Ce bonheur de communiquer avec les autres, c’est à notre tour d’en assurer le relais, avec ceux et celles qui nous entourent. En cette journée consacrée à la lèpre, le Christ a besoin de nous. Il nous envoie vers celles et ceux qui souffrent encore de cette maladie horrible, mais il nous demande aussi d’aller auprès de « lépreux » d’aujourd’hui ; toutes ces personnes qui souffrent physiquement ou moralement, pour être une présence aidante à leurs côtés. Il nous mandate également pour transmettre la lumière de son Évangile à nos contemporains et en particulier à tous les blessés de la vie.