Jérémie 1, 4-5. 17-19 ; 1Cor 12, 31-13, 13 ; Luc 4, 21-30

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se heurte à la méconnaissance de ses contemporains et à la colère qu’elle provoque, parce qu’il ose affirmer venir accomplir le message de la prophétie d’Isaïe, comme nous l’avons entendue dimanche dernier. Ses proches non seulement sont ancrés dans une histoire marquée par les traditions – ce qui n’est pas mal en soi –, mais ils prétendent bien le connaître. De fait, ils le connaissent ce Jésus, un peu trop bien : ils savent qui sont son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. C’est un enfant du village, né parmi eux. Ils se limitent à cette connaissance et ne vont pas plus loin. Leur proximité ne les pousse pas à envisager quelque chose de plus grand ! Au contraire, elle finit par soulever leur indignation et les amener à considérer Jésus comme un prétentieux, qui mérite d’être arrêté et jugé.

Ils pensent voir, mais ne voient pas, connaître, mais ils ne connaissent pas, croire mais ils ne croient pas…Ils en sont restés au niveau des principes, des traditions, du répétitif, du pragmatisme. Et Jésus, convaincu de sa mission et de la vérité de son message, affronte avec courage leur réaction et dénonce leur incrédulité. C’est le même courage qui est demandé au prophète Jérémie. Dieu, qui le choisit, lui promet de l’accompagner tout au long de sa mission en lui demandant de ne rien craindre. Ce même courage est demandé à toutes celles et ceux qui ont consacré leur vie à Dieu, pour lesquels nous prions en ce dimanche 30 janvier, comme cela a été demandé par le Pape François.

Nous le savons bien : les traditions, le répétitif, le récurrent, ne sont pas des comportements mauvais en soi. Mais il faut savoir les utiliser, les vivre avec foi et chaque fois nous laisser interpeller par eux dans l’aujourd’hui de Dieu et de notre vie. Jésus dénonce chez ses contemporains cette prétention de posséder le monopole de la vérité sur tout et même sur Dieu. Il dénonce leur manque de foi, malgré leur bonne tenue extérieure, en leur reprochant leur méconnaissance de Dieu et de sa loi. Il dénonce aussi leur manie d’enfermer Dieu dans leurs traditions, dans l’étroitesse de leur esprit, dans les limites de leur territoire. Il leur parle du Dieu vrai et universel, qui les aime, comme il aime aussi ceux qu’ils voient comme des païens ou des étrangers. Il les amène à reconnaître ce Dieu qui n’a qu’un seul qualificatif ; celui de l’amour. Ce Dieu qui nous demande à nous aussi d’être des témoins de son amour dans le quotidien de notre vie.

Pour ce faire, il nous faut vivre une rencontre en profondeur avec Jésus, nous laisser convertir par sa parole, transformer par son amour pour devenir des témoins de cet amour-vie, cet amour-miracle toujours possible, cet amour qui espère tout des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Cette tâche n’est pas facile, elle fait peur, elle est source de beaucoup de controverses, de railleries, de persécutions, mais c’est une mission noble que nous devons entreprendre et réaliser avec courage et persévérance, dans l’abandon et la confiance en Dieu.

Pareil comportement dans la foi nous épargnera la prétention de posséder le monopole de la vérité sur Dieu, sur sa loi, sur les autres. Ce monopole, cette arrogance, engendrent automatiquement l’impossibilité d’une ouverture d’esprit et de grâces abondantes.

Puisse l’amour de Dieu, ancré en nous, nous aider à vivre davantage dans l’intimité de Dieu, dans la vraie connaissance de nos frères et sœurs et dans la communion et la charité avec eux.

Et, comme le dit si bien Saint Paul dans sa lettre : « L’amour, la charité ne passeront jamais ! »

Wenceslas MUNGIMUR
Saint-Laurent / Virton