3è dimanche de carême A 2023 : Homélie

Dimanche passé, nous méditions sur l’expérience faite par les disciples Pierre, Jacques et Jean, de la présence de Dieu, de son éclat, transfigurant Jésus en présence de Moïse et d’Élie. Ils faisaient ainsi une rencontre avec Dieu, qu’ils ne voulaient plus quitter, tellement c’était merveilleux, porteur et séduisant. Seulement il fallait qu’ils comprennent le vrai sens de cette révélation. Qu’ils comprennent aussi la parole et le message de Dieu concernant Jésus et écoutent ce qu’il leur dit. Il n’était pas question qu’ils restent sur la montagne, mais qu’ils redescendent dans la vallée et continuent à assumer leur quotidien comme cadeau de ce vrai Dieu.

Aujourd’hui, Jésus, dans le récit de la Samaritaine au bord d’un puits, révèle cette présence de Dieu qui doit avant tout être rencontré en esprit et en vérité. Il le révèle à une femme qu’on pourrait qualifier d’errante et à un endroit plein de symboles et de signification. Le premier symbole, c’est celui de cette femme qui arrive seule, dans le temps de midi, aux heures de repos, pour puiser l’eau. Pourquoi seule et pourquoi à cette heure presqu’incognito ? Portait-elle le poids de sa vie ? Était-elle prisonnière des traditions de sa culture ? Ou encore se sentait-elle indigne d’être avec des gens, de peur d’être pointée du doigt ou d’être regardée de travers ? Je me permets de me poser de telles questions, parce que, plus loin dans la rencontre avec Jésus, il est dit que cette femme menait une vie hors des normes de sa société, de sa culture. Jésus ose lui dire qu’elle n’a jamais eu de mari, alors qu’elle a connu cinq hommes dans sa vie et vit avec un sixième. La femme elle-même ose dire qu’elle n’a pas de mari. Pourquoi s’exprime-t-elle ainsi ? Ne se sent-elle pas en ordre ? Porte-t-elle, pour cette raison, un poids en elle ?

Un autre symbole, c’est le fait que Jésus se trouve dans un territoire ennemi par rapport à ses origines juives. Il se trouve du côté des Samaritains, qui ne s’entendent pas avec les juifs. Et il parle à une femme, une Samaritaine. Pourquoi fait-il cela ? Pourquoi ose-t-il braver ainsi les interdis ? La Samaritaine, elle-même, est surprise. « Comment ! Toi qui es juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Les disciples sont, eux aussi, étonnés de voir leur maître causer avec une femme, contrairement à leurs traditions. « …Ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. »

Jésus révèle le vrai Dieu qui est au-delà de toutes les barrières, au-delà du poids des traditions, au-delà des barrières érigées par des volontés humaines. Au-delà des exclusions qui existent entre son peuple et les Samaritains. Il est le Dieu de tous, présent en chacun de ses enfants, qu’il soit juif ou samaritain. Il est d’un amour total et inconditionnel vis-à-vis de chacun et chacune. Jésus comprend que la femme qui est devant lui a besoin de rencontrer ce vrai Dieu. Elle a besoin d’être libérée de tout le poids qu’elle porte en elle. Il entame un dialogue de confiance avec elle. Il donne à la femme de se connaître vraiment, mais aussi de le connaître, lui, Jésus, comme le Messie, le fils de Dieu. Et elle entraîne avec elle tout le village.

Ce Dieu qui libère, comme il l’a fait avec le peuple d’Israël en Egypte, même si celui-ci peine à le reconnaître et à lui faire confiance. Ce Dieu dont témoigne Saint Paul pour dire que nous sommes en paix avec lui, parce qu’il n’est là que pour nous sauver. Ce Dieu, nous avons, nous aussi, à le rencontrer pour être libérés de tous les poids que nous trainons dans nos vies, nos traditions, nos pratiques. La recette, c’est Lui-même, par son Esprit, qui nous la donnera.

Cette recette, c’est en priorité de nous sentir librement aimés par lui et librement d’aimer les autres d’un amour vrai et authentique. La recette, c’est aussi comprendre que tout endroit, toute personne, est le lieu, le temple de sa présence.