Gn15, 5-12.17-18 ; Philippiens 3, 20-4,1 ; Luc 9, 28b-38

Dans les lectures de ce dimanche, il est question de l’Alliance de Dieu conclue avec Abraham et, par l’intermédiaire d’Abraham, avec tout son peuple. Oui, Dieu établit une alliance avec chacun et chacune de nous, au jour le jour durant toute notre vie. Son alliance avec l’humanité est éternelle et ne passera jamais ! Il est d’une fidélité indéfectible et sa présence nous accompagne toujours, même à travers les aléas de nos vies, dans les moments de joie comme les moments de peine. Même et surtout quand nous sommes acculés par toutes sortes d’épreuves, de problèmes qui nous font croire qu’Il n’est pas là ; bousculés dans ce que nous avons de plus précieux, comme l’expérience que connaîtra Abraham dans l’alliance conclue avec Dieu.

Mais comment croire en cette présence permanente et efficace de Dieu à nos côtés ? Oser croire qu’il est toujours présent lorsque nous assistons impuissants à des crimes de guerre perpétrés contre des innocents, des femmes, des enfants ; des familles entières massacrées sur les autels du pouvoir, de l’argent, des dictatures, du despotisme, de la haine, du terrorisme… ?

Devant cette multitude de réfugiés ayant tout perdu qui sont à nos portes, comment oser affirmer avec fierté, comme saint Paul, que ces épreuves terrifiantes ne nous éloigneront pas de notre confiance en Dieu ni de notre combat quotidien en faveur de la dignité humaine et de son respect ?

Jésus aussi a conclu une alliance avec ses disciples. Il leur a demandé de tout quitter et de le suivre. Même si l’on dit qu’ils ont aussitôt tout quitté pour l’accompagner, il est évident qu’ils ont été confrontés aux incertitudes, face à l’inconnu qui les attendait en marchant avec Jésus ; Ils étaient certainement bouleversés et partagés entre des rêves nationalistes par rapport à l’occupant romain et le doute ou la peur du lendemain. Par rapport à leurs rêves totalement éloignés de la mission pour laquelle ils étaient appelés, Jésus durcissait sa position en leur rappelant chaque fois sa mission comme envoyé de Dieu son Père pour sauver l’humanité. Il poursuivra ce durcissement jusqu’à leur annoncer son arrestation et sa mise à mort. Cette fermeté était valable non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses disciples. Et ceux-ci auront beaucoup de mal à le comprendre et à le suivre. Ils auront toujours tendance à traîner les pieds en essayant de ramener Jésus à leur vision des choses.

C’est alors que surviendra, pour quelques-uns d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, ce moment privilégié de la Transfiguration, où ils vont faire l’expérience de la présence de Dieu et le voir, pour ainsi dire, à travers la personne de Jésus, entouré de deux grands témoins de l’Ancien Testament, Moïse et Élie, qui, eux aussi, ont fait la même expérience de la présence de Dieu et de leur rencontre avec Lui. Ce clin d’œil les marquera jusqu’à la fin de leurs jours. Ils écriront plus tard qu’ils ont vu, touché, reconnu le Verbe de Vie, qu’ils ont été témoins de la Gloire de Dieu manifestée sur le visage et sur le corps de cet homme, Jésus.

Il nous est sûrement arrivé d’avoir notre propre vision de la foi, de prétendre marcher avec Jésus selon notre propre vision des choses ou nos ambitions. Mais il nous arrive plus souvent de douter de notre foi, de la présence de Dieu dans notre vie. Comme il nous arrive aussi de faire l’expérience de multiples clins d’œil, ou mieux des clins « Dieu » qui nous rassurent sur cette présence divine dans notre existence, d’en faire l’expérience de façon palpable, de passer par des moments de clair-obscur pour finalement constater que Dieu est bien avec nous.

Prions le Seigneur Jésus, en ce temps de carême, pour qu’il nous entraîne avec lui dans la communion profonde de la vie avec Dieu, pour que nous nous rendions compte que, quoi qu’il arrive, Dieu est présent et marche avec nous. À nous de décider de prendre la route avec Lui et de dire avec Saint Paul que tant qu’Il est avec nous, plus rien ne sera contre nous.

Wenceslas Mungimur
Saint-Laurent – Virton