Nombres 11, 25 – 29 ; Jacques 5, 1 -6 ; Marc 9, 38 -43.45.47-48

« Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes, en mettant son Esprit sur eux. »

La Parole de Dieu d’aujourd’hui nous parle de l’universalité de l’Esprit de Dieu et de son amour. L’Esprit de Dieu souffle où il veut et quand il veut. Il n’a pas de frontières et personne ne peut lui imposer des limites. Dieu revêt de son Esprit ceux qu’il choisit. Il est libre aussi de le donner à tout son peuple. C’est ce que nous lisons dans la première lecture. Dieu partage aux Anciens, qui assistent Moïse comme responsable, l’Esprit dont il a revêtu le leader. Non seulement aux Anciens, mais curieusement à deux autres personnes, Eldad et Médad ne faisant même pas partie de l’équipe. Ceux-ci se mettent aussi à prophétiser. Ce qui indigne Josué, l’adjoint de Moïse, qui demande à celui-ci de mettre fin à cette incongruité. Et Moïse répond en exprimant ce vif souhait : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux ! » Il n’y a pas de raison, répond Moïse à Josué, de réagir négativement ni d’être jaloux vis-à-vis d’une telle initiative ! Dieu est libre de donner son Esprit à qui il veut.

C’est la même réaction chez Jean dans l’évangile : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus, comme Moïse, lui répond : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. » Jean est tout simplement choqué – les autres sûrement aussi – de voir quelqu’un qui n’est pas de l’équipe restreinte des apôtres, ni même du groupe plus large des disciples, qui non seulement parlait au nom de Jésus, mais chassait des démons en son nom. Pour lui ou pour eux, ce n’est pas normal, pas admissible et Il fallait l’en empêcher.

Mais Jésus les met en garde contre un tel comportement qui ressemble à ‘l’esprit de boutique ou de caste. Nous, nous sommes avec toi, nous sommes de l’Église patentée. Eux, ils ne sont rien. Comme nous pourrions dire aujourd’hui : « Nous, on va à la messe, on est baptisé. Ceux qui ne sont pas avec nous, ceux qui ne font pas partie de l’Église, on ne voit pas pourquoi ils auraient le droit de parler de Jésus. On ne voit pas pourquoi ils chasseraient les démons. » Jésus leur répond et il nous répond en disant d’arrêter d’afficher cet esprit de boutique. Pour Jésus, il n’est pas question d’appellation contrôlée, ni de label, en ce qui concerne l’action de l’Esprit dans le monde. L’Esprit souffle où il veut et il dépasse largement les frontières de l’Église.

Ceci nous amène à reconnaître qu’au service du Royaume de Dieu, c’est-à-dire de la justice, de la paix, de la réconciliation entre les hommes et les femmes, il y a des tas des gens qui ne sont pas chrétiens, qui ne sont même pas croyants et qui, comme les chrétiens, parfois mieux que les chrétiens, travaillent dans l’esprit de Jésus. Il y a des gens qui chassent les démons de l’injustice, du racisme, de la violence institutionnelle. Des gens qui luttent contre ces démons que sont la jalousie, la discorde, l’envie, le mépris…Nous en connaissons tous ; ils ne sont pas forcément chrétiens ! « Celui qui n’est pas contre nous est avec nous. »
Jésus nous invite à nous libérer de tous ces démons qui se présentent à nous comme autant d’idoles, avec des mains, des pieds, des yeux…qu’il faut éliminer et couper, au sens figuré du terme, s’ils nous éloignent de son Esprit. Il y a des coupures nécessaires, des choses à arracher dans ma vie. Pour cela, j’ai besoin d’une conversion en profondeur en demandant l’aide de l’Esprit Saint et en me basant sur les paroles du Christ.

Wenceslas Mungimur – Paroisse saint Laurent/ Virton