25è Dimanche Ordinaire/C 2022 : Homélie.
La parabole de l’argent trompeur ou du gérant malhonnête et habile ressemble à un mode de vie qui est d’actualité dans notre société d’aujourd’hui. Elle fait suite à celle entendue dimanche dernier sur le fils prodigue et a beaucoup de similitude avec celle-ci. Similitude surtout entre les deux situations, celle du fils prodigue et du gérant malhonnête. Ces deux personnages sont face à une situation intéressée où ils ne pensent qu’à leurs propres intérêts.  Ils cherchent tous deux des moyens de sortir de la situation embarrassante dans laquelle ils se trouvent. Le gérant trompeur cherche à se faire des amis, une fois renvoyé du travail où il lui est reproché une mauvaise gestion de l’argent de son patron, et le fils prodigue, lui, cherche une solution pour retourner chez son père, parce qu’il n’a plus rien et meurt de faim, après avoir dilapidé tout son argent.

À ces deux personnages s’ajoute un troisième, le fils aîné. Celui-ci est dans la logique de la fidélité et du travail bien fait, dans la relation de l’équité et du ‘ donnant-donnant’. Il trouve injuste la logique de son père qui traite ses fils en égaux, lui toujours fidèle au poste et son frère cadet qui a gaspillé tout son argent. Sa logique veut qu’il trouve cette attitude du père tout à fait inadmissible et se sent incapable d’admettre une telle bonté de la part de son père.

Tous ces remue-ménages qui ressemblent à ceux que dénonce le prophète Amos dans la société de son époque reflète notre réalité d’aujourd’hui où les différents rapports, aux biens matériels, à l’argent, aux humains sont inversés. L’argent, par exemple, est roi, un dieu, une idole qui dirige et commande tout. Il devient une fin et non un moyen. Les rapports entre les humains sont en quelque sorte instrumentalisés, manipulés.

Jésus est étonné par toutes ces habilités que les humains utilisent pour se tirer d’embarras dans lesquels ils se trouvent ou pour gérer l’argent, leurs avoirs ou leurs liens sociaux. Des stratégies ou des stratagèmes qui leur permettent de s’en sortir ou d’atteindre leurs objectifs. Il voudrait que tous les biens dont nous disposons soient utilisés pour la bonne cause et que chaque réalité soit mise à sa place et considérée à sa vraie valeur. Il sait que les biens matériels, l’argent, nos relations sont utiles et nécessaires, ils ne sont pas mauvais en soi, mais il veut qu’ils soient au service des vraies relations humaines et du bien commun, loin de toute cupidité, de tout égoïsme, de tout calcul d’intérêt personnel.

Jésus nous invite aussi à utiliser toute notre habilité, notre inventivité, au niveau de notre foi et de notre salut, dans notre engagement comme chrétien, dans notre écoute de la Parole de Dieu et de sa mise en pratique et dans notre prière quotidienne. C’est là que se trouve la vraie richesse, celle qui nous donne la paix et la sérénité intérieure. Comme le dit St Paul, dans la deuxième lecture de ce dimanche, notre prière doit s’ouvrir à l’universalité de l’amour de Dieu, à l’exemple de Jésus qui s’est offert en rançon pour toutes et tous.

Wenceslas Mungimur
Saint-Laurent – Virton