Le message de Jésus ne passe pas auprès de ses disciples lorsqu’il annonce son arrestation, sa passion, sa mort et sa résurrection. Cette annonce intervient après qu’il leur a posé la question sur son identité et après la profession de foi de Pierre (évangile de dimanche dernier). Ce message ne passe pas et indispose les disciples de Jésus qui ne sont pas sur la même longueur d’ondes ! Alors que Jésus est centré sur ce qui fait l’essentiel de sa mission sur terre, les disciples, eux, ont des préoccupations de prestige dans la société, de valeur personnelle et de pouvoir. Qui sera le premier ? Qui occupera la place la plus importante ? Qui est le plus grand ?

Ils sont scandalisés et choqués par les propos du Maître.  Comment lui, le Messie de Dieu, ose-t-il prononcer de telles paroles ?  A savoir : être arrêté, être persécuté et mis à mort ?  Ils n’y comprennent rien, parce que cela ne fait pas partie de leur logique et, de ce fait, ne les intéresse même pas. Ils espèrent qu’au-delà d’une telle annonce, semant le trouble et la désespérance, il y a d’autres espoirs qui se profilent et pourront nourrir leurs ambitions mondaines et personnelles. Leur comportement provoque ces débats qui engendrent des comparaisons, des rivalités, des compétitions et des jalousies entre eux…

Et pourtant Jésus leur dit qu’ils n’échapperont pas à l’essentiel de la mission pour laquelle ils sont appelés à sa suite en toute humilité. L’exemple de l’enfant qu’il place au milieu d’eux évoque beaucoup de réalités de leur époque. Par ce geste, Jésus rappelle en premier lieu les vertus d’abandon, de simplicité et ensuite la valeur de ceux qui ne détiennent aucune prérogative ni aucune influence dans la société. Il demande à ses disciples de se comparer à ceux-là, en rappelant que si quelqu’un veut être le premier, il doit se considérer comme le dernier et le serviteur de tous.

Quand je relis un tel récit, je me demande si moi, à la place des disciples, j’aurais eu une autre réaction ou un autre comportement. Pour être plus précis, je me demande en quoi je suis différent de ces disciples, même aujourd’hui. En quoi le message du Christ que je lis et relis suscite-t-il en moi une réaction différente de celle des Apôtres, qui me mettrait sur la même longueur d’ondes que Jésus lui-même ? Quand je réalise toutes les rivalités qui parfois se développent en moi, toutes celles que j’observe autour de moi, dans l’Église, celle dite « de Dieu » et dans le monde, je constate, comme l’observait déjà saint Jacques dans la société de son époque, combien le message de Jésus a du mal à passer. Quand j’observe toutes les divisions qui surgissent, parfois même au nom de Dieu, je me demande si Jésus n’a pas eu raison de dire que, à cause de lui et de son message, beaucoup seront divisés, même au sein de leur famille. Et tous ces jugements sévères et rigoristes des uns envers les autres, ces révoltes contre Dieu, contre ses témoins, ces anathèmes prodigués à gauche et à droite par de soi-disant messagers de Dieu ? Ne sont-ils pas dus au fait que les mentalités, les esprits ne sont pas sur la même longueur d’ondes que la douceur du cœur du Père Miséricordieux ?

Je pense qu’être sur la même longueur d’ondes que le message du Christ représente autre chose que ce qui relève de nos valeurs humaines. Celles-ci, sans être remises en question, auront toujours une touche et une orientation proprement personnelle et subjective. Mais les pensées de Dieu et sa vision du monde se situent à un autre niveau et relèvent d’une compréhension différente.
Que la Sagesse Divine nous soit donnée et qu’elle nous guide afin que tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons soient ajustés à la volonté de Dieu, reprise dans le message d’amour de son Fils, Jésus-Christ.

Wenceslas Mungimur