Personne ne pouvait imaginer la situation de la pandémie dans laquelle notre monde se trouve actuellement. Personne non plus ne pouvait prédire que l’année 2020, ayant à peine montré le bout de son nez, serait une année pleine de surprises et de rebondissements ! Loin de nous l’idée que cette épidémie, après avoir touché les habitants d’une seule ville chinoise, allait s’étendre rapidement à tous les continents et devenir une pandémie qui touche toute notre planète. Non seulement s’étendre, mais aussi provoquer des fermetures de frontières et paralyser presque tout le fonctionnement des activités humaines.

Très vite il fallut aussi se rendre compte de l’évidence et de la réalité de cette pandémie. Cette réalité et l’ampleur de celle-ci ne furent pas toujours perçues de la même manière par tout le monde et partout. Ce qui n’a guère changé jusqu’aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux et les médias qui très rapidement se sont emparés de cette catastrophe sanitaire. Très vite ils sont devenus des vecteurs incontournables de notre information. Alors ils s’en donnent à cœur joie dans tous les sens, avec des surenchères de témoignages, de renseignements, à la recherche de l’exclusif, du scoop. Devant ces flots d’informations, la plupart d’entre nous se pose des questions vitales et propres à notre condition humaine.

En fait, c’est la liberté de chacun qui est mise à rude épreuve : de quel bord doit-on être et qui doit-on croire ? Que faut-il retenir et appliquer de ce que je reçois comme communication ou que faut-il ignorer ?

Voilà autant de réflexions que je souhaite partager en apportant ma petite contribution à tout ce qui s’agite autour de moi et ailleurs. Mes réflexions et celles d’autres m’apportent un éclairage nécessaire pour mieux comprendre et analyser la situation actuelle. Mais ces réflexions et ces apports s’intègrent également dans la recherche de solutions pour l’éradication de la pandémie. Ces contributions doivent nous mettre en garde contre toutes les intoxications qui s’invitent régulièrement en semant des doutes et la confusion dans le cœur des gens. La prise en compte de ces décisions aide aussi à saisir les enjeux, le danger du virus Covid19 et la nécessité des normes de sécurité et des précautions que nous devons prendre absolument.

Ces normes de sécurité que sont les mesures d’hygiène, la distanciation, la mise en quarantaine, le confinement, le couvre-feu, tranchent fortement avec l’ordinaire de notre train-train de vie quotidienne ou avec ce que nous avons toujours connu et vécu. Même si elles ne sont là que le temps que dure la pandémie, elles demandent d’être expliquées et bien comprises.

Dans la recherche de solutions ou parmi les mesures de sécurité, il y a la suppression des rassemblements, comme les messes, pour éviter des regroupements de participants et ainsi favoriser la propagation rapide du virus. Je mesure à quel point une telle décision est dure à prendre de la part des responsables politiques et dure aussi à accepter par les pratiquants concernés. Là encore les réactions et les interprétations vont dans tous les sens et cela me surprend, m’étonne et me fait me poser des questions. Qui sommes-nous donc et à quoi jouons-nous ? Autrement dit, dans quel monde vivons-nous et pourquoi voudrions-nous nous distinguer du reste de la société ? Sommes-nous des extra-terrestres ou avons-nous les deux pieds sur terre dans le monde avec les problèmes qu’il rencontre aujourd’hui ?

Bien sûr, le fait de supprimer les messes est de l’ordre de l’inédit et il est vrai que cela peut bousculer nos habitudes et constituer quelque part un handicap non négligeable pour nos assemblées, surtout dominicales. Nous sommes privés de la chaleur de nos rencontres habituelles, de nos contacts, de nos échanges. Et aussi de la qualité de notre écoute mutuelle, de la richesse de nos expressions corporelles, de celle d’une prière communautaire ou encore du vrai sens de nos repas eucharistiques. Cette situation inédite est doublée d’une incertitude en ce qui concerne la fête de Noël et la crainte de ne pas pouvoir célébrer celle-ci en communauté de fidèles comme cela a été le cas pour les fêtes pascales lors du premier confinement. Autant d’incertitudes qui posent des questions ! Autant de manques qui causent une certaine désolation dans nos rangs et des frustrations au sein de nos communautés avec des questions par rapport à l’avenir.

Heureusement, nous ne manquons pas de ressources ! Nous devons saluer et reconnaître toutes les initiatives qui se mettent en place. Les églises ouvertes, le côté positif de réseaux qui sont mis à contribution pour des célébrations, des messages d’espérance, des enseignements, des vidéo-conférences… Des liens qui sont ainsi gardés et entretenus pour alléger et assouplir le temps de confinement. Nos églises sont consacrées pour des rassemblements de prière. Elles sont des lieux de ressourcement, de recueillement et de grâce en dehors des bruits inhérents à notre société.

Mais n’oublions pas qu’il existe aussi d’autres lieux de rencontres, de célébrations, de prières, de partage, de joie et de convivialité. Ces lieux sont partout où il y a de la vie, partout où vivent des humains, surtout là où cette vie est menacée et mise en cause. C’est là que nous pouvons aussi trouver le vrai sens du message de la messe. Autrement dit, c’est dans ces lieux que nous pouvons célébrer et vivre la communion fraternelle : l’Eucharistie. Celle-ci est d’abord un message profond, un message d’adieu, disons le lieu de la transmission d’un testament dont le seul contenu est l’amour et le service de nos sœurs et frères. C’est au cours d’un repas partagé avec ses disciples et avant de leur annoncer son ultime sacrifice, que Jésus lègue à ses disciples son testament. Il souligne l’importance de sa mission, de l’obéissance à Dieu, son Père, qui lui a confié cette mission et il confirme aussi sa détermination d’aller jusqu’au bout, par amour et pour le salut des hommes. Il leur recommande de s’aimer les uns les autres, comme il les a aimés. Il ajoute qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

C’est l’essentiel de sa mission et de son testament. Les chrétiens doivent se le rappeler, s’en souvenir, et faire mémoire chaque fois qu’ils participent à la messe. Pas seulement se rappeler, mais également vivre, à chaque messe, cette rencontre avec le maître, s’inspirer de son exemple et suivre ce qu’il a vécu et recommandé : aimer et servir.

Et nous, chaque fois que nous faisons montre d’amour, de service auprès de ceux qui sont dans le besoin, de ceux qui souffrent, qui sont malades, éprouvés ou enfoncés dans toutes sortes d’épreuves, nous vivons et réalisons l’Eucharistie. En ce temps de dures épreuves, de pandémie et de confinement, il nous est possible de continuer à vivre et à nous nourrir de l’eucharistie. Cette possibilité devient réalité lorsque nous contribuons à protéger la vie en faisant attention aux normes de sécurité qui nous sont imposées, en prenant nos précautions par rapport aux plus vulnérables parmi nous, en mettant le service, l’amour, le pardon et la tolérance comme priorité dans notre vie quotidienne. En vivant ainsi, nous ne sommes en manque de rien : nous sommes au cœur même de l’eucharistie qui devient notre vie, en communion avec la sainte Trinité. Nous ne sommes pas privés de nos messes, quand nous vivons ces valeurs comme de vrais moments de rencontre avec les autres et avec Dieu. …Et pas en se bloquant sur le simple fait de répéter des rites, sans les revisiter en profondeur, ou en ayant l’idée d’accomplir un devoir dominical, sans rapport avec les réalités quotidiennes de notre société.

Wenceslas MUNGIMUR Paroisse Saint Laurent/ Virton