Dimanche dernier, au troisième dimanche de carême, nous avons vu Jésus chassant du temple les marchands. Alors nous disions que lorsqu’il n’y a pas une connaissance intime ou de cœur de Dieu, de sa Parole et de sa loi, cela peut être à la source de beaucoup de dérives et de déviations. En ignorant la lumière venant de Dieu, l’homme avance comme dans les ténèbres et il peut facilement dévier du bien vers le mal, de la vie vers la perte de celle-ci, sans s’en apercevoir. Il ne s’agit nullement d’une quelconque punition venant de Dieu ni d’une malédiction ni encore d’un changement d’humeur de la part de Dieu, comme le laissent entrevoir certaines de nos réactions. C’est l’homme lui-même qui fait le choix ou vit dans l’ignorance de ce qu’il fait. Il sème en quelque sorte le vent, quitte à récolter la tempête.

Dieu, de son côté, est d’une fidélité indéfectible vis-à-vis de lui-même, de sa mission et de son projet. Il ne change pas de position ni d’humeur face à l’inconstance et aux infidélités de l’homme. Il est présent pour aimer, sauver et vouloir le bonheur de l’homme. Il est tel qu’il ne peut s’empêcher d’aller régulièrement à la recherche de l’homme et lui pardonner quand celui-ci s’éloigne de lui et s’égare. Cet homme : c’est toute femme et tout homme sans qu’il y en ait une ou un qui soit privilégié par rapport aux autres. Dans le livre des Chroniques, cette situation est bien constatée. Devant les infidélités à répétition du peuple avec toutes les conséquences funestes qui s’ensuivent, Dieu attendrit le cœur d’un roi païen, le roi Cyrus, pour montrer son amour vis-à-vis de son peuple. Le roi Cyrus, non seulement décide le retour du peuple en exil vers ses terres natales, mais il l’aide à reconstruire son temple détruit.

Dans l’évangile, il est question d’un autre appel lancé au peuple, après son éloignement de son Dieu et du détournement de son cœur de la loi du Seigneur au temps de Moïse. Un éloignement et un détournement qui ont engendré en lui le mal ou le « malin ». Ce comportement a apporté la ruine et la mort au lieu de sauver le peuple.
Une faute symbolisée ici par le serpent considéré comme un reptile méchant et identifié au mal. Jésus rappelle au peuple que Dieu ne l’abandonne pas non plus. Il est venu pour le salut de ce peuple et de toute l’humanité. Comme nous l’avons entendu lors de la transfiguration, il suffit de l’écouter, de le suivre et de se laisser guider et éclairer par sa parole pour être sauvé du mal dans lequel le peuple est plongé. Jésus l’explique à un des responsables du peuple, Nicodème, venu le trouver pour éclairer sa lanterne.

Le peuple meurtri, humilié et dévasté doit tirer des leçons de ses mauvais penchants et prendre la décision de changer et de retourner vers son Dieu. Son salut et son bonheur sont à ce prix-là. Au désert, le peuple était invité à lever les yeux vers le serpent de bronze que Moïse avait érigé et élevé sur le bois. Ce geste relevait de sa décision à se détourner du mauvais pour se tourner vers Dieu par la voie de son représentant, Moïse.

Jésus rappelle ce geste à Nicodème, pour signifier l’amour et la volonté de Dieu depuis toujours de ne jamais abandonner son peuple. Il le rappelle pour dire que, si hier c’était vers le serpent de bronze qu’il fallait se tourner, aujourd’hui c’est vers lui, Jésus, le nouvel envoyé de Dieu, son Père, qu’il faut se tourner pour se sauver.

Il est vrai qu’aujourd’hui, en ce qui nous concerne, nous nous tournons vers Jésus, vers Dieu, quand nous sommes acculés et quand nous nous sentons perdus. Nous n’avons pas tort. Mais il faut que nous le fassions dans la foi et non par routine. « Croire, c’est suivre le Christ, marcher derrière lui, lui être associé, accueillir sa parole. Bref porter sa croix, sur la route de Pâques. Jésus nous appelle à tourner vers lui toute notre attention ; il en précise la raison : « afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ».

Wenceslas Mungimur, Saint-Laurent Virton