L’épisode de la guérison de l’aveugle Bartimée nous renvoie à certaines cécités et certaines surdités, comme celle des foules et même des disciples qui entouraient et suivaient Jésus… Ces aveuglements sont peut-être aussi les nôtres aujourd’hui ?
Dans les évangiles des derniers dimanches, nous apprenions que les disciples n’étaient pas nécessairement sur la même longueur d’ondes que Jésus, lorsqu’il évoquait les souffrances liées à sa mission, face aux ambitions qu’ils nourrissaient en eux-mêmes.

Ils étaient aveuglés par ces ambitions et sourds à ce que Jésus leur livrait comme message et essayait de leur faire comprendre. Ils étaient aveuglés au point de ne pas même voir les signes qu’il donnait et qui témoignaient de cette mission et de son identité. Aveuglées et sourdes aussi ces foules qui allaient vers lui ou le suivaient. Mais Jésus, lui, les connaît bien et il connaît aussi leurs ambitions en le suivant. Il sait ce qu’ils ont dans le cœur, il connaît leur demande ou leur recherche dans leurs pensées intimes et le fait qu’ils ne voient pas plus loin que leur propre conception des choses.

L’exemple le plus concret est celui de l’évangile d’aujourd’hui. Parmi la foule qui entoure une fois encore Jésus, il y a un malade, un aveugle, presque seul dans la claustration due à sa cécité et dans sa souffrance. Cet aveugle sait ce qu’il a et de quoi il souffre. Et il fait sa démarche par rapport à cela auprès de Jésus dont il a entendu parler. Seulement il est écrasé par la foule, qui étouffe sa voix et le fait ignorer, mais qui voit aussi en lui une gêne dans sa curiosité, son empressement et sa quête auprès de Jésus. Mais Jésus, lui, le voit et entend son cri. Il focalise son attention, ainsi que celle de la foule, sur lui. Il perçoit et comprend sa démarche sincère et remplie de foi ; de sorte qu’il lui accorde une double guérison, celle du corps et celle du cœur. Cette guérison totale le libère de tout ce qui alourdissait sa vie au niveau de sa maladie et de tout le poids de sa souffrance en lui redonnant la joie de vivre et de témoigner de l’amour de Dieu à la suite du Christ.

Ce cri de Bartimée est un cri de prière adressé à Dieu, qui ressemble au message de Jérémie adressé à son peuple, qui ne peut le laisser insensible. « Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites résonner vos louanges et criez tous: ‘’Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël !’’ »

En ces temps de turbulences dans nos vies, dans notre société, dans l’Église, nous avons, nous aussi, besoin de prendre conscience, c’est-à-dire d’identifier notre mal et de nous tourner avec confiance vers Dieu en lui adressant notre cri d’appel au salut. Ainsi, à l’exemple de Bartimée, une fois guéris de ce mal, nous pourrons devenir missionnaires de la grâce de Dieu dans notre vie et dans le monde.

En ce mois d’octobre, mois de la mission, et en ce dimanche où nous prions pour la mission, il est important de savoir que notre mission à nous, dans l’Église, est d’entendre et de nous arrêter devant tout être humain qui crie sa peine, sa misère, ses aspirations. Tous, chrétiens ou non chrétiens, ce qui nous est demandé, c’est de travailler à l’instauration d’une société plus juste, plus fraternelle. Que nous nous mettions ensemble pour vaincre les grands drames de notre société. Parce qu’il faut bien le reconnaître, nous sommes souvent sourds et aveugles, quand nous rencontrons une souffrance, une misère, une peine quelconque, une désespérance sur notre route humaine. Prions le Christ, Lumière du monde, afin qu’il nous éclaire et nous guide sur nos chemins de vie et de rencontres.

Wenceslas Mungimur